jeudi 31 janvier 2008

Chapitre 25

25

06/09/3023 Datation légale de Valence.

8 H / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

Je revins avec Maelie le lendemain. Grand père n'avait pas dit oui mais il n'avait pas dit non par contre j’avais eu droit à un sermon sur l’honnêteté et le respect des lois. Je trouvais l'unique pièce de son appartement envahi par une demi douzaine de gosses entre huit et treize ans à vu de nez. J'en interpellais un au passage et lui demandais où se trouvait le proprio de cette garderie. Je reçus le regard mauvais typique du préado. Désolé d'appeler les choses par leur nom. « Il est sorti » me dit-il.

Ca, j'aurai pu le deviner seul. Je renonçais à demander des informations supplémentaires à ce pauvre gars. A voir les mouvements totalement désordonnés de ses yeux et l'immobilité du reste de son corps ce petit looseurs était parti dans un trip de réalité virtuelle. Il n'était pas le seul deux autres gars affalés sur un canapé étaient dans le même état et les trois autres discutaient avec … Maelie. Pas bon ça, faut pas qu'elle côtoie cette graine de racaille, elle risquait d'incendier la baraque. Vu son sourire c'était pire, ces garçons risquaient de lui donner de mauvaises idées. Je m'avançai pour jouer les chaperons quand grand-père entra. Il marmonna quelque chose trop bas pour que je puisse l'entendre et me dépassa pour poser deux paquets sur l'unique table.

« Tu t'occupes toujours des pauvres bons à rien ?

- Ce ne sont pas des bons à rien, ce sont des petits gars qui n'ont pas reçu assez de corrections de leurs parents. »

Je connaissais la rengaine moi aussi j'avais fait parti de sa clique de pauvre gars en manque de fessées même si de mes souvenirs jamais il n'a porté la main sur moi ni sur aucun des enfants qu'on lui confiait.

Il me désigna Maelie du menton. « Qu'est-ce qu'elle vient pervertir mes garçons celle-là ?

- C'est la fille dont je t'ai parlé pour l'implant.

- Non, » dit-il « tu m'as parlée d'une personne par d'une gamine. Elle est trop jeune pour supporter un implant. »

Je me retins de sourire si elle avait survécu à un implant psychique de belle taille, un communicateur ne lui ferait aucun effet.

Grand père leva le doigt, prémisse d'un nouveau sermon. Et j'en eu droit.

« Mérino, dans quoi t'es tu encore fourré ? Pourquoi n'as-tu rien appris de mes règles morales, te rends tu comptes que ce n'est qu'une petite fille, jamais je ne cautionnerai une telle boucherie ».

Enfin, je résume de ce que je me rappelle à moitié assoupi que j'étais par le ronronnement de son discours car j’avais été obligé de laisser mon drone dehors. Le grand père a un écran magnétique pour se protéger des espions mécaniques. Allez savoir pourquoi il aurait besoin de ça, lui si droit et honnête.

Nanti m'avait donné comme consigne : « tu fais tout ce que tu peux et en cas d’échec, tu passes au plan B »

J'estimai que j'avais fait mon possible et subir son monologue plus longtemps aurait été au dessus de mes forces.

Je sortis la puce magnétique aimantée accrochée à mon bracelet et sans un mot je la plaquai sur l'agrafe métallique de l'implant frontal de grand père et lui laissai le temps d'admirer la somme qui pourrait être créditée sur son compte.

Ca lui avait coupé le sifflet là.

« Et il y a une prime pour que je me taise ?

Et voila, nous avions atteint les limites de la morale de grand-père.

« Grand-père, c'est moi tout de même. Tu ne dénoncerais pas ta propre famille !»

Je le sentis hésiter. Quand il y avait du pognon en jeu, il n'avait plus de famille, plus de morale, et le grand père avait revêtu son costume d'homme d'affaire véreux avec lequel il avait fait fortune.

« Bon ça va » finit-il par dire. « Mais c'est mal. »

A quand même, c'était rassurant.

Chapitre 24

24

05/09/3023 Datation légale de Valence.

12H / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

Nanti m’a donné ma journée, pour profiter de ma famille a-t-il dit. Je lui ai dit que ma priorité était Martel et c’est à peine s’il ne m’a pas botté le cul pour me faire sortir mais en me précisant que son communicateur ne servirait à rien si on ne trouvait pas quelqu’un pour l’implanter discrètement. L’allusion était claire, mon grand-père était chirurgien et Nanti le savait. Quand il dit profiter de la famille, c’est du littéral. J’avais à peine dormi mais à la façon dont le patron m'avait réveillé pour me dire qu'il me laissait ma journée, j'en avais facilement déduit que je n'étais pas non plus libre d'en profiter pour récupérer de ma nuit trop courte aussi, après un rapide décrassage, je suis sorti voir mon grand père. J’ai d’abord fait quelques emplettes, on n'arrive pas chez grand père les mains vides pour lui demander un service. Ensuite, l’heure tournant, je suis passé de l’autre coté de la station où la soirée était déjà bien avancé. C’était un peu tard pour les visites mais je n’avais que quelques heures aussi je me suis hâté vers un bâtiment d’espaces privatifs. Mon grand-père habitait là. Enfin, grand-père, c’est ainsi qu’on l’appelle mais nous n’avons aucun lien de parenté. Il s’agit d’un brave richard qui a recueilli ma grand-mère quand, sentant les conflits approcher quand Valence a eu la prétention de s’approprier le système en commençant par les planètes, elle a fui le joyau vert avec un petit sac, un aller simple pour n’importe où et mon père vagissant sous le bras et quand ma mère a déménagé avec mon frère sur cette station toute neuve, il a suivi. Pour nous avoir à l’œil a-t-il dit.

J’ai été accueilli avec tous les égards :

« Mérino, je sens que tu prépares un mauvais coup.

- Mais non grand-père.

- Quelqu’un qui vient si tard prépare forcement un mauvais coup. » L’accueil n’était pas à proprement parlé chaleureux mais le vieil homme avait toujours eu cet attitude bourrue et j’avais même appris à l’apprécier. Pas étonnant après que je me retrouve avec Nanti. Nanti est le même modèle que Grand-père avec 150 ans de moins.

« Pas évident de gérer, le décalage horaire d’une demi journée en une minute de puit anti gravité. Le tout en prenant aussi en compte l’horaire du potentiellement innocente. Sur le vaisseau il est 12h30.

- Mauvaise excuse. »

Toute façon, quand il avait une idée en tête celui-là. Les mauvais coups, il les flairait. C’est qu’il s’y connaît en mauvais coup, il a 212 ans sur les fiches d’identité et en parait même pas 80 et ça, ce ne sont pas des traitements qu’on peut s’offrir avec un travail honnête. Lui demander ses services n’allait pas être commode. Je commençais par mon petit cadeau. Souvenir de mes voyages que je lui dis.

« Ben tiens, tu as trouvé ça de l'autre coté de la station je parie. Qu'est ce qu'il y a, tu as un service à me demander ou quoi ? »

C'est que c'était de la vieille graine qui avait vécu le vieux. Du genre qu'on ne dupe pas facilement. « Es-tu déjà allé sur la belle d’été grand-père ?

- Je suis allé partout du temps où nous étions libre de le faire. C'est sale, c'est froid et humide. Moi, je suis fier d’être parti non pas parce qu’on m’a mis dehors mais parce que je le voulais. Mais c’était une autre époque, quand les stations étaient peuplées par des gars qui en voulaient, des explorateurs, des scientifiques, des pionniers de l’espace. Maintenant, tout est surpeuplés, prit d’assaut par les frustrés jetés hors de leur monde par Valence.

- Oui grand père.

- Moi, j’en ai vu des choses. Je suis né à une époque où on ne s'emmerdait pas à chercher des problèmes dans d'autres réalités. J’ai connu les premières IA, le développement des IA supérieures et leur destruction car les hommes sont trop arrogant pour pouvoir supporter l’idée que leurs créations dépassent les potentiels humains. Crois-moi, si on avait laissé ces choses mettre de l’ordre, on n’en serait pas là. Mais non, on a mis au rebus des merveilles de technologie par mesure de sécurité alors que d’un autre coté on laissait entrer des choses pernicieuses venues de mondes qui n’obéissent même pas aux règles élémentaires et honnête de nos sciences. Moi, je dis toujours, ce n’est pas Valence qui dirigent mais des entités démoniaques qui ont pris pouvoir de leurs esprits. »

- Mais oui grand-père. » C’était pas le moment de parler de nos projets mais je n’aurais pas d’autres occasions.

« Tu te souviens de Martel ?

- Le petit gars que tu as emmené à ton dernier passage ?

- Oui. Il s’est fait enlever.

- Par qui ? »

Je décidai de rester évasif : « des mecs de Valence sans doute.

- Dans ce cas, oublies le.

- Grand père comment peux-tu dire ça ! Il était avec nous depuis 10 ans.

- Et alors, vous n’allez pas entrer en guerre contre Valence ? Il y a des façons plus agréables de mourir. Crois en ma longue expérience, pour vivre vieux, faut pas se faire remarquer. En plus, ce petit gars, il me semblait louche et le fait que Valence s’y intéresse confirme mes soupçons.

- Quels soupçons ?

- Mes soupçons comme quoi il était louche. »

Je levais les yeux au plafond. On ne pourrait rien en tirer. « Nous allons aller sur l’Impérium. Nous voulons tenter de le récupérer.

- C’est stupide ». Pas un haussement de voix, ni la moindre trace de réprimande, juste une simple constatation. Je ne pouvais pas le contredire, je pensais la même chose alors je répétais les paroles de Nanti : « Le potentiellement Innocente n’abandonne pas ses hommes.

- J'ai pas dit que c'était stupide de le chercher, quoique ça l'est, c’est stupide de le chercher sur l’Impérium. La flotte entière est une représentation publique, une façade de luxe, de rêves et de volupté. Leurs saloperies, ils les font dans des endroits plus discrets ».

Ce vieux bon à rien allait peut être m’être utile au fond. « Où ça grand-père ?

Il haussa les épaules. « Dans leurs pieds à terre. Tu as la station B5 qui est reconnue pour ses expériences douteuses financées par Valence, la planète artificielle : ce machin toujours prêt à exploser qui est dirigée par un sorcier télépathe, tu as aussi cette île du joyaux vert ? Comment s’appelle-t-elle déjà ? Ca va me revenir, et puis ils ont aussi des terres sur la belle d’été, quoique ce coin a été bombardé à la fin de la guerre mais je me demande s’ils n'ont pas repris reconstruit et ils ont aussi une autre concession sur l’immortelle. Pratique les planètes pour préparer des mauvais coups, ils sont sûrs d’y être tranquille. De grands espaces vierges, des barrières d’approches infranchissables.

- Tu ne me remontes pas le moral ». Pourquoi avais-je pensé que Martel ne pouvait être que sur l’Impérium ? Voila que notre cercle de recherche s’agrandissait au système entier voire à la galaxie ou même à l’univers et pourquoi pas aussi à ces autres réalités d’où les sorciers tiraient leurs pouvoirs. Cela dit, Nanti m’avait chargé d’une mission et j’allais tenter de la mener à bien. Je me jetai dans le vide « Grand père, pourrais-je te demander un service ?

- J’en étais sur ! Je savais que tu avais besoin de moi, les visites de courtoisie, tu ne connais pas ».

Il était fier d’avoir raison. J’en profitai pour le flatter « rien ne t’échappe jamais, j’aurais besoin de tes talents de chirurgien. »

Il s’appuya sur le dossier de son fauteuil avant de répondre : « il y a bien longtemps que je ne pratique plus, je suis trop vieux. »

Même pas vrai, je savais pertinemment qu’il pratiquait encore et se faisait même payer une fortune en sous main pour certaines pratiques chirurgicales douteuses. « Il s’agit d’un implant, assez banal en fait. Un simple communicateur. Tout à fait dans tes cordes. Tu seras assisté par le potentiellement innocente. Il a un bon millier d’opération à son actif. Aucun risque ».

Il fronça les sourcils au point que ses yeux ne devinrent que deux fentes.

« Et je suppose que c’est un implant non répertorié ?

- Un simple communicateur, c’est encore une idée stupide de Valence de faire répertorier le moindre implant, personne ne le fait.

- Oui, mais c’est la loi. »

Comment il nous la joue en mec honnête, l’hypocrite.

« A vrai dire, on ne peut référencer l’implant car on veut le placer sur quelqu’un qui lui-même n’est pas référencé. Enfin elle-même car c’est une fille.

- Mérino, Mérino, Soupir, mais que fais-tu ?

- Je survis comme tout le monde.

- Ouhai ben pas pour longtemps si tu continues ainsi.

Chapitre 23

23

05/09/3023 Datation légale de Valence.

05H24 / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

J’ai retrouvé Cristal facilement, elle avait repris son ancien poste et j’ai passé la soirée à admirer sa prestation. Elle dansait sur un bar avec un simple string doré et la vue était toujours aussi belle.

Je lui ai offert un verre après le spectacle et j’ai tenté de savoir par des questions détournées si il serait possible de fêter nos retrouvailles dignement parce qu’elle avait l’air sincèrement heureuse de me voir mais elle m'a dit qu’elle s’était mariée l’année dernière. Elle était très amoureuse et songeait à faire un enfant. Vie cruelle.

Je lui demandai au sujet de l’impérium mais elle se méfia.

« Qu’est ce que tu comptes faire ?

- T’inquiète. C’est juste qu’on aura peut-être l’opportunité d’y aller mais, on préfère se méfier enfin tu sais, qui n’a pas quelque chose à cacher aujourd’hui ? »

Elle parut rassurée et se lança dans un descriptif de fouilles et scanne en tout genre.

« Détecteurs psychiques aussi ? »

Elle fronça les sourcils. « Depuis quand t’occupes-tu de sorcellerie ?

- Non, c’est juste pour savoir. »

Je suis prêt à parier qu’elle n’était pas dupe mais répondit tout de même. « A l’entrée du vaisseau juste pour éviter les dissimulateurs. Ensuite des plus précis dans chaque administration. Ils sont reliés à l’IA leur rôle ne consistent pas à bloquer les sorciers, juste à les répertorier

- Précis comment ?

- Très précis, même moi je me suis fait contrôler.

- toi t’es Shaman ?

- Oui et non. Elle passa sa main dans les cheveux pour dévoiler un minuscule implant. Pas de quoi gagner ma vie avec ça mais c'était il y a quelques années, on était dans la dèche intégrale et mon père n'a pas trouvé d'autres conneries à faire qu'à s'endetter d'avantage pour un implant et comme il était trop lâche pour se le faire poser c'est sur moi que c'est retombé. Il m'a fait poser ce truc, j'ai failli en mourir car je n'ai pas les capacités pour le supporter et pour rien car il s'est fait arnaquer, il est trop petit pour être réellement utile à autre chose qu'à me donner des visions de cauchemars ».

J'amorçai un semblant de grimace "dur"

- Ouhai, et depuis je fais du striptease pour rembourser l'emprunt sur cet implant alors tu imagines, la magie, je me méfie. Du peu que j'ai pu en voir ouvrir des portes sur les autres réalités, c’est malsain. Il y a rien de bons qui sort de là-bas et il vaut mieux en rester éloigné. On dit que c’est par des portes laissées ouvertes par les sorciers de Calice que sont venus les Sylphides.Tu saisis Mérino ? » Insista-t-elle.

Je lui ai dit que j’avais saisi. On disait beaucoup de chose et je serais bien incapable de démêler le vrai du faux mais sur le fond, j’étais d’accord avec elle et j'avais même honte d'avoir tant baver devant son spectacle. La vie est moche quand même.

Je fis mon compte rendu à Nanti dès mon retour sur le potentiellement innocente. J’aurai bien dormi un peu avant et cuvé aussi mais le patron ne m’en laissa pas le loisir. Je n’avais pas posé un pied sur le vaisseau qu’il m’avait déjà repéré et alors que j’atteignais mes quartiers, il m’ordonna de faire un détour par la salle de réunion. La salle de réunion, c'est la salle commune qui est rebaptisée ainsi quand le patron veut nous parler.

J’étais obligé de soutenir ma tête de mes mains pour éviter de tomber endormi mais je répétai ce que m’avait dit Cristal. Des détecteurs à l’entrée et des contrôles dans certains lieux. Par contre des surveillances humaines des lieux stratégiques. Nanti Tiqua. Il avait espéré qu’il n’y ait aucun détecteur et que Maelie puisse entrer tout aussi discrètement sur l’Impérium qu’elle avait pu faire sur le vaisseau Village. Je terminai mon compte rendu

« Le palais est évidemment très surveillé.

Elle n’a pas pu me donner de précisions, elle n’a jamais pu y entrer. Elle n’a pas pu me dire non plus s’il y avait des détecteurs d’implants. »

Nanti secoua la tête : « impossible il doit y avoir au moins neuf dixième des résidents et visiteurs du palais qui ont des implants de hauts niveaux, que se soit communicateurs, réseaux, renforcement musculaire, ou n’importe quel gadget en tout genre. »

Un autre monde pensais-je. Je rappelai aussi à Nanti que depuis deux ans, les procédures avaient pu changer surtout que le chef de la sécurité avait changé et que la Bérangère était plus laxiste que l'ordonnance Malhari où Mélanie.

Il avoua qu’en effet le risque existait mais qu’on devrait faire avec.

« Dans tous les cas, Maelie n’entrera pas sur l’impérium aussi facilement que sur le vaisseau Village.

- En effet, elle devra être annoncée. Après, si vraiment leur politique est de ne faire aucune ségrégation envers les sorciers et au contraire de les accueillir, elle devrait passer.

- Valence dirige aussi les planètes et les sorciers ont besoin d’un visa spécial pour s’y rendre peut être cette procédure est-elle de mise sur l’Impérium ?

- Ce sont les seigneurs planétaires qui ont imposé ça, Valence le tolère mais l’Impérium n’a pas les mêmes règles ».

Voilà qu’on parlait comme si on allait se poser demain sur l’Impérium. Fallait peut-être se calmer sur ce coup là.