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01/02/3024 Datation légale de Valence.
09H/ 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente
J'ai fais mon compte rendu puis on est passé au vote. Le patron a lancé ce nouveau concept de vote à main levé il y a quelques semaines. Encore un pas vers la démocratie. Comme quoi nos aventures n'auront pas été inutiles. J'ai serré les doigts à me rompre les articulations quand Nanti a demandé : « qui est pour récupérer Martel malgré les risques ? C'est votre dernière chance de renoncer » a-t-il ajouté.
J'aurais préféré qu'il évite la dernière phrase. Pas la peine d'insister sur le fait que personne n'était obligé de venir. Maelie a levé son petit bras très haut comme propulsé par un ressort. Moi aussi mais avec une nonchalance étudiée pour faire mieux. Echo a hésité puis a levé le sien en soupirant.
Muro a dit : « j'en suis pas » et Thymothe a dit : « moi non plus ».
Les lâches.
Je leur ai fait le regard qui tue mais ni l'un ni l'autre ne m'ont regardé. Doublement lâche.
Je comptais vite fait : Nanti, Maelie, Echo et moi. Quatre contre Valence, là, y avait du défi.
Le patron a demandé à Thymothe pourquoi il refusait de venir, il a répliqué qu'il refusait de poser un pied sur la Belle d'Eté. Encore ! Il nous la faisait à chaque fois celle-là. Nanti lui a répliqué que ce n'était pas une raison suffisante et qu'il viendrait avec nous. Voila comment le patron fait de la démocratie.
Puis il a demandé à Muro qui a dit qu'il ne voyait aucune raison pour risquer sa vie pour un mec qu'il ne connaissait même pas. Nanti a admis que son point de vue était justifié. Je crois qu'il aurait réussi à le convaincre s'il avait voulu mais il fallait que quelqu'un garde le Potentiellement Innocente en cas de grabuges. Et des problèmes, j'étais sûr qu'on en trouverait. Nous on embarquerait dans le vaisseau fourni par Mélanie. On l'a trouvée deux jours plus tard sur le terrain de l'astroport. Une machine neuve avec accréditation et au nom de Maelie Malha Karten qui s’est révélé être un vaisseau de belle taille qui dvait coûter autant que le Potentiellement Innocente et l'accréditation devait valoir au moins le prix du vaisseau lui-même. Mélanie avait dit avoir eu du mal à nous le fournir, je la croyais volontiers. Je trouvais très suspect, le seul fait qu'elle ait réussi. Elle avait eu le culot de le mettre au nom de Maelie Malha. Une façon de nous narguer pour faire remarquer qu'elle n'était pas dupe de notre trafic d'identité. Et elle qui se la jouait genre : désolée, je n'ai personne d'accrédité pour le vaisseau, je ne sais comment faire. Elle avait déjà tout prévu et le nouveau nom de Maelie avait été enregistré pour le vaisseau avant même qu'elle vienne me trouver. Nanti a été encore plus furieux que moi, il a commencé par m'accuser d'avoir trop parlé puis, quand je lui ai certifié n'avoir rien dit, il s'est longuement demandé si elle avait pu trouver ça par le fichier des identités ou si elle avait fait le rapport avec la flotte des Rois du Monde. Le nom de Malha était connu de Valence comme indépendantiste mais n'était pas relié avec la flotte des rois du monde. Si Mélanie avait fait le rapprochement, il serait bien dans la merde. D'un autre coté, il avait une IA pour le sortir de ce pétrin alors qu'il se débrouille.
Il nous fallait un nom pour le vaisseau. J'ai suggéré de l'appeler « Piège » ça lui irait bien. J'aurai pas dû, Thymothe nous a refais une crise comme quoi il ne voulait pas venir. Maelie a décidé de l'appeler Princesse. C'était nul, une idée de fille que j’ai dit. Elle a répliqué que c’était son vaisseau et qu’elle était une fille alors qu’elle l’appellerait Princesse. Nanti a accepté. Si Maelie avait fait la gueule avec cette histoire d'identité, elle était maintenant ravie, c'était la première chose qui lui appartenait, et pas n'importe quoi, un vaisseau entier. Je doute qu'elle puisse le garder mais c'était mignon de la voir excitée comme la gamine qu'elle était.
Les formalités accomplies, on a mis les voiles, direction : la Belle d'Eté.
J'ai tenté de me détendre mais j'ai pas pu. Je n'arrêtais pas de penser que j'étais un monstre doublé d'un traître. Tout ça parce que j'avais légèrement arrangé les dires de Mélanie avant d'en faire mon compte rendu à l’équipe. J'avais dit que Saline avait enlevé Martel, qu'il s'était échappé, que les personnes chez qui il avait trouvé refuge fomentaient un plan contre Valence et voulait que Martel y participe et qu'il fallait le récupérer avant qu'il se fasse tuer.
J'avais dit aussi que Matiz était là-bas et que le vaisseau d'attaque suivrait. En fait, j'ai juste omis l'histoire abracadabrante comme quoi Martel aurait volontairement suivi Saline pour lui soutirer un implant et qu'il avait prévu de rejoindre les indépendantistes contre valence. Nous n'en avions aucune preuve si ce n'est la parole de Mélanie et mon récit était plus crédible que le sien. Je ne parlais pas d'implants. J'avais voulu aborder le sujet puis je me suis dit que ça n'apporterait rien. Il fallait en rester à l'essentiel.
Nous sommes arrivés sans encombre à la périphérie de la Belle d'Eté sur une station du satellite. Pas de vaisseau d'attaque en vue, si les dires de Mélanie étaient justes, il serait sur le point d'arrivé, voir il traînait dejà dans le coin. Au niveau des informations supplémentaires que j'avais demandées à Mélanie, aucune nouvelle, la belle n'avait pas daigné refaire un détour par notre vaisseau. C'est Maelie qui nous a dissimulés aux scannes du satellite puis elle a demandé les autorisations d'approches.
Nous en sommes là.
« C'est bon » souffla Maelie après lecture des résultats sur l'écran principal. C'est si simple d'aller n'importe où avec une identité qui en jette. Echo fait marche arrière. Il entame un beau demi-tour et on se retrouve face à la bête. De loin, la Belle d'Eté ressemble un peu à la froide, dans divers tons de bleus pales et blanc mais plus on s'en approche plus le bleu domine. Ensuite on peut voir des côtes et des terres et une multitude de teintes diverses.
« Si nous approchons d'avantage nous franchirons la barrière » Maelie m'a coupé de ma rêverie en parlant au patron.
Nanti réfléchit. Echo a stoppé les réacteurs mais cette seule manoeuvre peut paraître louche aux milliards de capteurs qui entourent la planète.
« Qu'a dit Mélanie exactement ? » C’est la dixième fois que Nanti me demande ça.
« Juste qu'on devait se dépêcher et qu'elle s'arrangerait pour nous dissimuler.
- A-t-elle dit qu'elle serait là où que nous devions faire un signal quelconque ? »
Je répétai la même chose que d'habitude : « elle n'a rien dit de plus. »
Nanti grommela encore des phrases incompréhensibles où je cernais les mots : Mérino, incompétence, idiot fini et bon à rien. Puis il s'adressa à Maelie : « Maelie, peux-tu nous dissimuler ?
- Non » Elle n'en dit pas plus, elle avait déjà elle aussi expliqué en long et en large que les filtres planétaires étaient très puissants et qu'en plus sachant qu'elle était une sorcière, les procédures de surveillance seraient
Echo attendait patiemment et Thymothe attendait aussi gesticulant en tout sens. Le lâche s'inquiétait non pas du risque de ne pas passer mais de celui de réussir à se poser.
Nanti souffla un bon coup : « on y va » dit-il.
Maelie répéta : « je ne peux pas » et Nanti lui dit de faire son possible et de prendre les commandes puis il nous dit à tous de ne plus faire le moindre bruit.
Maelie a pris les commandes et a foncé dans le tas.
On est resté un bon moment sans respirer. Au moins jusqu'à ce que je sois capable de distinguer des arbres, une petite ville et même une piste d'atterrissage puis j'ai risqué une question idiote. « Est ce qu'on est passé ? »
Personne n'a répondu. Comme quoi, ce n'était peut-être pas si bête. Maelie a juste répété que elle n'était pas de taille face aux capteurs.
Aucun de nous ne savait concrètement comment marchaient les boucliers planétaires. Aurait-il dû nous bloquer l'accès ? Nous informer que l'accès nous était refusé ? Allait-on se retrouver entouré d'une horde de garde dès qu'on aurait posé le pied dehors ? Nous n'en savions rien.
J'ai été coupé par une voix qui nous a demandé de nouveaux codes. Sans dire un mot Echo les a désigné à Maelie qui les a transmis. On a reçu un nouvel hologramme en retour. Echo a mimé la manoeuvre à Maelie pour lui montrer où elle devait l'insérer. Je pense qu'il aurait pu le faire seul, je doutais qu'on soit encore surveillé mais personne n'a trouvé les protections de Echo inutile et Maelie a posé la main sur l'hologramme et après une pression a déplacé son bras vers l'autre hologramme désigné par Echo. Les deux se sont rejoins et le vaisseau a viré en tanguant dangereusement et je me suis retrouvé à terre. Le système gravitationnel s'était coupé automatiquement en entrant dans la Belle d'Eté et le vaisseau se retrouvait soumis à l'attraction de la planète.
« Trous d'air » a dit Echo. C'était les premières paroles dites à voix haute depuis l'approche de la planète.
Le temps que je me relève en me massant les fesse, on s'éloignait de la ville laissant derrière nous les immeubles et la concentration de vaisseaux de l'astroport. Nous survolons maintenant des forêts qui s'étendent sur plusieurs kilomètres.
« On est dans le bon secteur » dit Nanti, « pose toi là.
En ce qui concerne le là du patron je ne distinguais que des végétaux en tout genre.
« On peut se poser n'importe où ? » Demandai-je
« Non » dit Nanti, « on va se poser juste le temps pour Maelie de nous débarquer ensuite elle ira remplir les formalités à l'astroport. Maelie, tu te sens capable de piloter seule jusque là ? »
Elle fit oui de la tête, de toute façon c'était un peu tard pour se poser la question. Il fut décidé que Maelie jette un oeil chez Malik où Martel avait été vu pour la dernière fois. De notre côté, nous irions en éclaireur repérer la propriété du seigneur terrien ainsi que l'ancien palais de Valence. On se donna un point de rendez-vous, on vérifia chacun nos GPS et on coordonnait nos implants temporels à l’heure locale puis on se précipita à l'extérieur dès que Maelie atterrit sur le sol vert et spongieux et le vaisseau recolla immédiatement.
Je suis à couvert des arbres « Ouhaa ». J'inspirai une ou deux fois sceptiques puis avec plus d'assurance. J'étais venu sur la Belle d’Ete une fois 10 ans plus tôt et en plus au même endroit, ça m'avait fait le même effet. En même temps une impression de déjà vu et de différent. La première chose qui frappe sur une planète, c’est le bruit. Une cacophonie différente de celle des stations, inquiétante car aucun son n’est familier. Pas de bruits de voix, ni de ronronnement de ventilateurs mais des sifflements, craquements ainsi que des bruits qui je crains appartiennent à des animaux. Le soleil se couchait. Nous n'avions pas anticipé le phénomène, en tout cas en ce qui me concerne. La nuit permettrait d'être plus discret mais il faisait de plus en plus sombre sans aucun projecteur en vue, ni même la moindre veilleuse pour nous orienter. Je sentis une pression autour de mon bras. Thymothe était agrippé à moi. Il respirait bizarrement avec de grandes inspirations espacées. Il tentait de respirer le moins souvent possible pour se prémunir d’éventuels bactéries. Il n'allait pas nous faciliter la vie avec sa phobie. Je me secouai afin de lui faire comprendre que je n'avais nul besoin d’un boulet supplémentaire et cherchai un soutien auprès de Nanti.
Avec Echo, il avait pris les choses en main et sortait des lampes d'un sac qu'Echo plaça ensuite sur son dos. Nous sommes à mi chemin entre l'ancienne propriété de Valence et le château du Seigneur Kirenos. « Je propose qu'on se sépare. Echo et moi jetteront un oeil à la propriété de Valence. Thymothe et Mérino, vous allez voir les lieux autour de la propriété du propriétaire terrien.
Surtout, pas d'imprudences et ne vous faites pas voir. Il s'agit juste de repérer les lieux. Voyez si il y a des points d'observations discrets, comptabilisez le nombre de gardes et les dispositifs de surveillance. Pas de bravades inutiles, on n'entreprend rien tant que nous ne sommes pas réunis. Aucune communication, les risques d'interceptions sont trop élevés et vous suivez les zones privées » dit-il en nous les désignant sur l'écran de son GPS. « Nous serons moins visibles par les satellites de surveillances On se donne rendez-vous dans deux heures. Coordonnée 23/45/16
- Je ne suis pas certain que se séparer soit une bonne idée » dit Thymothe.
« Non ce n'est pas une bonne idée » dit le patron « mais nous devons aller vite. Le vaisseau d'attaque sera bientôt là et au dessus de toi se trouve une bonne dizaine de satellites qui t'enregistre en ce moment même. Ne laissons pas à Valence le temps d'apprendre que nous sommes là. »
Je levai les yeux vers le ciel qui prenait une couleur familière La vue des étoiles me rassura mais je frissonnai sous un souffle d'air froid.
« Il y a du vent » remarque très constructive de Thymothe. Je le poussai vers la direction enregistrée dans le GPS. « Contente toi d'espérer qu'il ne pleuve pas.
- Faut pas des nuage ou des trucs du genre pour ça ? »
On entendit un chut en provenance de l'autre groupe qui s'éloignait déjà et je pressai le pas me demandant pourquoi Nanti ne s'était pas gardé Thymothe avec lui.
La nuit était de plus en plus sombre au fur et à mesure de notre avancée. La végétation dense gênait notre progression et Thymohte pestait à voix basse puis gémissait. Je jetai un oeil sur le GPS et pris la décision d'éteindre la lampe.
Thymothe choisit ce moment pour se prendre les pieds dans une racine et m'insulter. « Pourquoi n'y a-t-il plus de lumières ?
- Nous sommes tout près. Nous ne devons pas nous faire repérer. Nous devrions voir les lumières du château.
- On ne voit pas la moindre lumière ».
En effet, je n'avais jamais connu une telle obscurité. Thymothe devait être à un pas de moi, je percevais sa respiration saccadée mais était incapable ne fut-ce que de discerner son visage. Les craquements et les grincements en tout genre paraissaient s'intensifier et je ne pouvais m'empêcher de regarder en tout sens
« Rallume » la voix angoissée de Thymothe me fichait la trouille.
« Nos yeux vont s'habituer à l'obscurité »
« Rallume » insista-t-il.
« Pourquoi ?
- Parce que j'ai les jetons. »
Bon OK » je pouvais allumer sans être obligé d'admettre que moi aussi j'étais mort de peur.
Nous avons atteint un terrain dégagé mais toujours pas la moindre lumière. Je commence à élaborer un plan dans ma tête afin de savoir quoi dire si nous étions repéré. Je pourrais dire m'être perdu mais je viendrais d'où ? Je ne connaissais aucun endroit de la région et notre accent nous trahirait à coup sur. Je regrettai de ne pas avoir travaillé ça avec Nanti. Nous manquions vraiment de préparations.
« C'est désert » dit Thymothe.
J'éteins la lampe et m’approche d'un mur en pierre qui semble entourer la propriété. Depuis que nous avons quitté le couvert des arbres, nous arrivons à distinguer les formes qui nous entourent.
« Tu penses qu'il peut y avoir des bêtes ? « Demande soudain Thymothe.
Bien sur qu'il y en avait. Les planètes étaient des réservoirs de bestioles en tout genre de la toute petite à la très grosse « non Thymothe, il n'y a pas de bêtes » dis-je tout haut.
Le mur n'est pas haut. Deux mètres tout au plus et les pierres mal agencées permettent de se hisser facilement. J'escaladai le premier sautai de l'autre coté. Thymothe suivit. En face de nous s'étale la propriété du seigneur. Très basse, aucune symétrie, des hauteurs différentes. La construction me parait vraiment étrange et toujours ni lumière ni aucun bruit de présence humaine. Je m'approche doucement et j'entends les pas de Thymothe sur mes talons, le sol herbeux s'est transformé en une surface dure. Une porte estouverte et se balance doucement au gré du vent.
« Désert » dit Thymothe.
Oui, c'est désert. Je touche la porte. Il y a une pellicule sombre sur mes doigts que je regarde à la lumière des étoiles. Je recule de quelques pas pour discerner la structure avec un autre point de vue. Il y a une odeur acre, désagréable qui flotte dans l'air.
Je commence à comprendre l'étrangeté. Il n'y a pas de toit. J'entre et rallume la lampe. « C'est bien ce que je pensais » dis-je tout haut sans plus me préoccuper d'éventuels habitants. « Tout a été brûlé ».
Thymothe a hurlé. Il m’a fait sursauter. Je me suis retourné d'un bond. Il désigne ses pieds et à la lumière de la lampe je découvre un homme couché à ses pieds.
« Est ce qu'il est ? » Je préfère regarder Thymothe que l'homme à nos pieds.
« Vu ce qu'il en reste j'espère bien qu'il est mort » répond-il.
Je fais courir la lampe autour de moi. Le plafond a disparu et la lumière de la lampe disparait dans l'obscurité du ciel. Quelques poutres métalliques tiennent encore par miracle et les restes de murs encore debout sont noirs de suies.
« Tu crois qu'on doit visiter le reste ? » demande Thymothe
« Ca risque de s'écrouler ». Mon implant me prévint qu'il nous reste une heure avant le rendez-vous.
« Je crois qu'on en a assez vu. On ne trouvera pas Martel ici. » Ou du moins s'il était là, on ne serait même plus capable d'identifier son corps. L'incendie avait dû être terrible. Les planétaires construisaient dans des matériaux naturels réputés inflammables mais mis aux normes anti feu. L'incendie aurait dû être étouffé.
« Comment tout a-t-il pu brûler ainsi ?» demanda Thymothe alors qu'on s'éloignait vers le point de rendez-vous.
« Le bois brûle » Je ne rajoutai pas : quand il se retrouve face à un bon sorcier. Mélanie avait dit qu'elle était venue interroger le seigneur terrien. Sur le moment j'avais juste compris qu'elle lui avait posé des questions. Je me demandai si je n'avais pas là les résultas de son interrogatoire.
Nous arrivâmes les premiers au point de rendez-vous du moins le pensai-je mais à peine assis sur un tronc d'arbre mort, Echo et Nanti nous surprirent.
« Qu'avez-vous trouvé ? » dit Nanti. Le patron n'était pas du genre à demander des nouvelles de notre santé. Je lui fis un rapport clair en me contenant des faits afin qu'il fasse ses propres déductions et il réfléchit. Heureusement qu'Echo était là pour satisfaire notre curiosité quant à leur petite excursion. « Nous avons trouvé les ruines de la propriété de Valence » nous dit-il. « Il y a de l'activité à l'intérieur mais un champ de force paraît en faire le tour et bloque le passage. Du moins nous l'avons suivi sur un bon kilomètre sans trouver une faille.
- Qu'est-ce que tu appelles de l'activité ?
- De la lumière, plusieurs appareils à courte portée genre glisseurs et navettes, quelques gardes ».
D'accord, si je comprends bien, il y avait des ruines là où il aurait dû y avoir du monde et il y avait du monde là où il ne devait y avoir que des ruines.
« Pas de Martel ? » demandai-je à tout hasard.
« S'il est là dedans, on est mal, même pas moyen d'approcher ».
Pendant qu'Echo me décrivait son périple nous nous étions remis à avancer. Il nous restait une bonne trotte avant d'atteindre les limites de la ville où nous devions retrouver Maelie. Nos meilleures chances étaient avec elle. Elle devait aller chez Malik. C'était le dernier point où nous avions vu Martel et même si nos dernières informations vidéos datent de plusieurs semaines à cause d'une IA lâcheuse, j'estimai que c'est auprès d'eux que nous aurions les meilleures informations. Maelie devait tout comme nous ne pas se faire repérer mais elle était forte pour ça et je me pris à espérer qu'elle pourrait sans se faire repérer, trouver Martel et l'emmener avec elle. Je n'arrivai pas à oublier ma conversation avec Mélanie : s'il accepte de venir.
L'aube pointait quand on aperçut les premières lumières de la ville. Elle était en partie construite dans une cuvette en contre bas. De notre point de vue nous pouvions apercevoir des immeubles d'une cinquantaine d'étage, des voies de circulations rapides, des chenilles de rails et toute cette activité propre à un monde civilisé. Je me sentais mieux et admirais ce spectacle. Je n'étais pas le seul, sur un banc inconfortable Maelie admirait le lever de soleil.
Je croyais qu'elle ne nous avait pas aperçus mais elle ne sursauta pas à mon approche.
« Ca va Maelie ? » demanda Nanti.
Pourquoi a elle, il lui demandait si ça allait et que nous, nous étions juste bon à faire notre rapport ?
« Pas de problème au niveau de l'astroport » commença-t-elle. « Je suis allée à l'adresse indiquée mais je suis tombé face à l'apocalypse.
- Pardon ?
- C'était un vieux quartier avec des petites maisons individuelles et tout le quartier était en feu. Il y avait des gens qui courraient partout, des hurlements. Je suis allée jusqu’aux coordonnées de Malik mais il ne restait que des cendres.
- Tu n'as pas su ce qu'il s’était passé ?» demanda Nanti.
- Si bien sur, j'ai interrogé plusieurs personnes. J'ai eu plusieurs versions mais ayant chacune en commun la présence de Matiz, de Mélanie et d'une débauche de sorcellerie. Personne n'a pu me dire la raison.
Il y a eu des blessés. Beaucoup. Des morts aussi dont la personne qu'on cherchait. Paraît que personne n'avait vu ça depuis la fin de la guerre.
- On est arrivé trop tard » conclut Echo.
Je n'étais pas sûr, rien ne disait qu'ils avaient trouvé Martel par contre, j'étais à court d'idées pour la suite du programme. Je fis ce que je faisais toujours dans ce genre de cas : Je dis : « Qu'est ce qu'on fait Patron ?
- Deux solutions » répondit-il. Ce que j'aimais le plus avec le patron c'est qu'il avait toujours des solutions.
« Soit nous revenons vers la ville et tentons de prendre davantage de renseignements en espérant que Martel se soit échappé, soit nous retournons vers la propriété de Valence essayer d'en savoir plus sur la situation là bas. »
La ville pensai-je mais je n'ai pas eu le temps de donner mon avis, je me suis précipité sur Maelie pour la jeter à terre tout en criant attention pour que les autres nous imitent. Une petite boule passa au dessus de nos têtes avec un léger sifflement et une lumière orangée suivie d'une deuxième puis d'une troisième. Leurs phares capteurs balayaient les environs et je suis incapable de dire si nous avons été touché ou non. Je me suis relevé et ai épousseté mes vêtements quand j'ai estimé que le danger était passé.
« C'est quoi ça ? » a demandé Maelie.
« Des espions » dit Thymothe. « Ces petites machines secondent les satellites d'observations. Semblerait qu'on cherche quelqu'un.
- Si qui que ce soit fait des recherches, ils utiliseront aussi les satellites ».
Dit Echo.
Et si c'est nous qu'on cherche, on est cuit. Je n'ajoutai pas cette conclusion mélodramatique qui ne plairait à personne.
« C'est peut-être pour Martel » dit Maelie, « ça veut dire qu'il ne l'ont pas trouvé.
- Peut-être » dit Nanti avant de continuer pour moi. « Tu penses qu'on a été touché ?
- Difficile à dire en principe ils ne prennent pas en compte les êtres vivants de moins de cinquante centimètres afin d'éviter les bestioles qui traînent ici.
- Tu m'as dit qu'il n'y avait pas de bêtes ! » S’indigna Thymohte. C'était bien le moment.
« Cela dit je ne les ai aperçu qu'au dernier moment. Ils nous avaient peut être déjà numérisé. »
Nanti parait réfléchir. « On retourne vers le palais de Valence. Au moins nous serons en terrain privé à l'abri des satellites. » conclut-il
C'est une option. Cela dit, je ne suis pas sûr que les IA de Valence ne donnent pas accès aux vidéos privées.
On retourna sur nos pas et plusieurs fois nous rencontrâmes des petits espions. Je n'aimais pas ça, je commençais à penser que ces bestioles nous suivaient à la trace. Impossible de dire si elles n'avaient pas repéré l'un d'entre nous. Arrivé dans la zone privée à proximité du champ de force du palais mais toujours à couvert des arbres, le patron proposa une halte. Il nous fit la distribution de barres vitaminée et je fus rempli de gratitude à la pensée que quelqu'un avait songé à l'intendance. Ma nuit blanche à crapahuter dans les bois commence à me peser sérieusement et tandis que le patron fait le compte rendu à Maelie des dispositifs de sécurité qu'il avait pu repérer, je me suis adossé à un arbre pour me reposer.