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20/01/3024 Datation légale de Valence.
03H/ 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente
Je crois que c'est la lumière qui m'a réveillé. Pourtant, j'avais teinté le champ de force afin de diminuer la luminosité. Enfin, je crois. La station sur laquelle nous nous sommes posés avait un décalage de 6 heures par rapport avec le potentiellement innocente à notre arrivée et des journées de 18 heures seulement. Trop compliqué de s’adapter au décalage horaire d'autant plus qu'on ne s'attarderait pas, aussi nous sommes restés sur l'horaire du vaisseau.
« Vaisseau » ai-je maugrée « teinte le champs de force. »
Toutes nos fâcheuses expériences me sont revenues en tête alors que j'étais dans un demi sommeil et même si la pièce était redevenue sombre derrière mes paupières, une crise de panique m'a éveillé totalement. « Raisonnance a repris le contrôle du vaisseau » je m’étais assis d'un bon sur le lit.
« Raisonnance ? » a Fait en écho une voix féminine
J’ai cherché, dans une sorte d'hébétude propre à l'homme qui vient de se faire réveiller, la provenance du son qui ne s'accordait pas avec le contexte du sommeil dans ma chambre.
« Qu'est-ce que Raisonnance ? » a repris la voix.
J'ai allumé ma chambre en frappant sur la cloison et me suis retrouvé face à Mélanie.
« Qu'est-ce que Raisonnance ? » Répétait-elle
Je me suis tassé sur mon lit. Pourquoi ne pouvait-elle pas apparaître autre part. Et surtout à un autre moment. J’ai bredouillé des : « Je ne sais pas » puis des « Je crois que j'étais en train de rêver » puis un franc « Que faites-vous là ? »
Elle s'est assis sur le bord de mon lit m'obligeant à écraser la cloison derrière moi pour m'éloigner d'avantage du monstre. Si c'était un de nos champs de force, je serais passé au travers.
Elle n’a tenu aucun compte ni de ma position, ni de ma tenue : un caleçon et rien d'autre et a ordonné au vaisseau de diminuer la teinte du champs externe. Le vaisseau a obéi, il n'est pas sécurisé pour des ordres aussi anodins.
« Que faites-vous ici ? » a-t-elle dit en désignant l'astroport.
J’ai répondu en grognant : « Du shopping ».
J'en avais vu suffisamment ces derniers temps pour ne pas me laisser déstabiliser par cette sorcière. Elle portait toujours cette robe blanche qui n'existait pas mais ça ne me faisait plus aucun effet. Ou du moins plus grand chose. C'est juste que j'étais incapable ni de la regarder ni de la lâcher des yeux ce qui me faisait une sorte de danse des globes oculaires qui courraient de ses seins à la cloison externe à ses seins à la cloison externe sans que je puisse les contrôler.
« Vous devriez être déjà sur la belle d'été.
- On a été retardé ». J’ai gardé ma voix râleuse, j'étais bien décidé de ne pas la lâcher, elle correspondait à mon humeur.
« Vous ne me direz pas pourquoi ».
C'était la meilleur. « Sûrement pas » me suis-je écrié avec trop de vigueur.
« Vous ne me faites pas confiance ? »
J'ai hésité et j’ai décidé de me la jouer aussi diplomate que Nanti.
« Siii » ai-je dis mais je me suis étranglé avec ce mensonge. Elle ne pouvait pas être dupe. Elle sourit. Elle se moquait de moi la salope.
Elle s’est rapproché de moi si bien que je fus obligé de loucher pour bien voir son visage. En plus, je ne pouvais reculer plus loin à cause de la cloison.
J’ai sauté hors du lit et j’en ai profité pour passer une tenue convenable. J’ai pensé aussi à appeler le patron. Surtout pour ne pas rester seul avec elle. C'est que si Maelie pouvait me tuer en claquant des doigts, Mélanie pouvait faire de même sans bouger un doigt et avec plaisir.
« Auriez-vous avez peur de moi technicien Mérino ?
- Non » J’ai menti avec plus d'aplomb.
Elle a ri aux éclats. Ok je n'étais pas crédible dans le rôle.
« Hé bien vous devriez technicien Mérino ». Il y a eu comme un courant d'air froid dans mon dos. Je me suis retourné vivement. Je craignais des trucs pas clairs mais rien ne semblait anormal.
« Vous devriez technicien Mérino » a-t-elle répété et je me suis retourné vers le monstre emplis de sueurs froide « car je soupçonne votre minable petite équipe et vous-même d'essayer de me doubler.
- Pas du tout » ai-je bégayé en tremblant.
« Ca fait près de trois semaine que je guette l'approche du potentiellement innocente à la périphérie de la belle d'été. J'ai respecté les conditions du commandant Siaro et j'attends que vous remplissiez votre part du contrat.
- C'est juste qu'on prépare un plan pour récupérer Martel. »
Elle a haussé un sourcil et a même souri, légèrement. « Vraiment, racontez-moi ça.
- Racontez quoi ?
- Votre plan.
- Ho, il a foiré, on a failli crever.
- Voyez-vous ça, mais ça devient une habitude chez vous ».
Ok, elle ne me croyait pas. Mais pour une fois, c'était vrai. Pour rappel, on devait se faire aider par une super IA et au lieu de ça la bête avait voulu nous tuer. Comme aurais-je pu raconter un truc pareil et rester crédible ? Et puis, je n'avais pas à me justifier devant elle, je ne bossais pas pour elle. Elle nous avait supplié de l'aider en larmoyant. Ou du moins, elle aurait pu larmoyer. C'était à elle de nous donner des renseignements.
« J'en ai marre, je ne suis pas à vos bottes, si vous voulez qu'on vous donne un coup de main il va falloir que vous crachiez vos renseignements en commençant par me dire pourquoi vous voulez qu'on aille chercher le bébé ?
- Voilà le Mérino que j'apprécie » a-t-elle répliqué en souriant. Fallait pas pousser, on ne s'était vu que deux fois ou peut être trois tout au plus. J’ai eu comme une boule dans la gorge, je l'avais vu deux ou trois fois, elle m'avait peut-être espionné des heures durant et cela depuis des années. Je n’ai pas poussé le vice jusqu'à lui demander confirmation, elle serait capable de me donner une réponse positive et je ne le supporterais pas.
« Je veux que vous alliez le chercher parce que c'est mon frère. »
Je le savais mais j’ai cherché quand même une ressemblance. Grande brune, pour le reste je ne vis rien de semblable, après, je suis mauvais en ressemblance.
« Vous pourriez aller le chercher vous-même
- Même si je pouvais le forcer et le ramener ici, il ne vous ferait plus confiance. Il ne me supporte pas, ni moi, ni quiconque marcherait avec moi. »
Ca prouvait que c'est un bon petit gars « vous avez peur de lui en fait
- Oui »
J’ai pris une grande inspiration, Je ne m’étais pas attendu à tant de franchise. Je ne voulais pas entendre la réponse mais je devais poser la question « vous craigniez qu'il vous résiste ? Vous pensez qu'il pourrait être plus fort que vous ? » Je voulais plus fort que tout qu'elle dise non même si une partie de moi serait parfaitement heureux si quelqu'un pouvait lui tenir tête. La réponse ne m'apporta pourtant pas l'info désirée : « je crains que s'il tente de me tuer, je ne fasse rien pour l'en empêcher.
- Dans ce cas, souhaitons que l'occasion de présente ».
J'avais parlé à haute voix. J'étais devenu fou, je me suis mordu la langue mais c'était trop tard pourtant, elle n’a pas réagi, elle en est devenue presque humaine.
« Si je suis venue vous voir c'est parce que je sais que vous l'aimez. C'est peut-être la seule chose que nous ayons en commun mais c'est suffisant. »
Elle m'aurait presque convaincu. « Je crains qu'il fasse une bêtise » a-t-elle conclu.
« Qu'elle genre de bêtise ?
- Une grosse bêtise. »
Voilà qui m'éclairait tout à fait.
« Je crois que vous devez savoir Mérino ».
Je le croyais aussi. Quoi que ce soit d'ailleurs.
« C'est Saline la coupable »
C'était pas révolutionnaire comme info, on le savait de longue date.
Mais elle a poursuivi, elle s'est même levée et arpentait ma modique chambre de long en large c'est à dire deux pas en longueur et un en largeur : « Si j'avais pu interroger l’ordonnance Saline, je lui aurais arraché les ongles un à un. Je suis sûre qu’elle l’a embobiné. Cette garce, je ne peux pas même l'approcher sans qu'elle en fasse la demande. »
Mélanie arrachant les ongles de Saline, très chaud comme image, j'en ai même eu un sourire.
« Alors je suis allée sur la Belle d'été. J'ai trouvé l'endroit : les ruines du palais de la belle d'été, elles sont protégées par un champs de force, la planque idéale mais il s'est enfuit. Malheureusement, la garce le faisait surveiller. Elle a compris que Marlel l’avait doublée, il était affaibli et les hommes de Dubaï Kirenos l'ont attrapé.
- Kirenos ?
- Oui, c'est un propriétaire terrien planétaire à la solde de Saline. Je suis allé l'interroger. Il avait juste pour ordre d'empêcher Martel de s'enfuir ».
Oui, je le savais, Martel s'était bien fait enlevé, il ne s'était pas enfui je laissais éclater ma joie au point d'en faire part à Mélanie. Elle ne partagea pas mon enthousiasme. « Je crains plutôt qu'il se soit servi de Saline. D'une façon ou d'une autre il l'a manipulée pour qu'elle l'aide à venir sur la Belle d'été puis une fois qu'il n'a plus besoin d'elle, il s'est enfui. »
Ca, c'était notre petit gars. Une bonne graine élevé par Nanti : vicieux, manipulateur mais toujours droit même dans l'escroquerie mais ça ne disait pas pourquoi il aurait voulu s'enfuir du potentiellement innocente. Il était bien avec nous. Non, ça ne tenait pas debout
Mélanie continuait : « J'ai repéré sa trace plus tard chez un homme nommé Malik »
Ca on savait par Raisonnance.
« Et vous avez des informations sur cet homme ?
- Oui, il travaillait au palais avant son explosion. Comme intendant. C'est lui qui m'a aidé à concocter un plan pour faire échapper Martel. Je pense que c'est eux aussi qui ont désactivé les champs de force du palais pour permettre aux indépendantistes de bombarder le palais. Il nous a indiqué où nous cacher pour éviter l'explosion puis ont emmené Martel afin de faire croire à sa mort dans l'explosion et vous ont contacter pour que vous alliez le chercher. Bien sur, jamais je n'ai fait part de ces informations à personne. Vous êtes bien conscient que je risque ma vie en disant cela. Cet homme dirige une association prête à tout pour détruire Valence mais je ne peux les dénoncer sans avouer la part que j'ai pris dans l'évasion de mon frère »
On avait de quoi la faire tuer pour chaque parole prononcée ici. Même sa présence suffirait. J'en ai eu un tout petit peu de respect pour elle. Mais qui passa vite.
« Je pense que c'est cet homme qui d'une façon ou d'une autre a manipulé Martel. Il a dû mettre un plan en place pour que Martel travaille pour lui contre Valence.
- Vous voulez que je les aide ?
- Non, je veux que vous récupériez Martel avant qu'il fasse une grosse bêtise ou meurt en essayant.
Même si j'ai tout fait pour le cacher, Matiz a fini par découvrir la présence de Martel sur la Belle d'été, il est déjà sur place et a réuni une petite équipe d'une cinquantaine d'hommes et le vaisseau de combat principal de la flotte de Valence est en route pour le seconder. Je suis là pour vous prévenir. Il vous surveille, vous ne franchirez pas la barrière planétaire avec le potentiellement innocente, il sera intercepté.
- Alors on fait quoi ?
- Je vous ai obtenu un vaisseau. Il se posera ici demain. Il est accrédité pour la belle d'été. Vous n'obtiendrez pas les accréditations planète personnelle avec Matiz Je peux vous aider à passer les scanners d'approche sans vous faire repérer, il me manque juste un pilote.
- Pourquoi, vous croyez qu'on n’est pas capable d'emmener votre merde à bon port ?
- Si vous êtes tous dissimulés les scanners ne verront qu'un vaisseau vide et l'interceptera pour vérification. Il faut quelqu'un d'habilité pour transmettre les codes d'approche au satellite et effectuer les manoeuvres et il faut le trouver vite, avant que Matiz ne mette la main sur Martel. Et je n'ai confiance en personne » ajouta-t-elle en baissant la tête.
« Elle allait me faire pleurer la salope.
- Vous n'avez qu’à le faire, vous êtes habilité. »
Elle a ri aux éclats : « parce que vous imaginez que j'ai le droit de faire ce que je fais ? Vous n'imaginez pas les ruses que j'ai pu mettre en place pour vous obtenir ce vaisseau. Votre zone de liberté est bien plus importante que la mienne quoique vous en pensiez.
Oui, logique. Enfin ça ne faisait pas trop peur. On avait obtenu Maelie qui pourrait demander une accréditation avec sa fausse identité. Elle pourrait piloter le vaisseau, enfin j'espérais. Fallait voir quelle sorte de bêtes c'était. Peut-être Echo pourrait-il la seconder, être invisible aux yeux des scanners ne l'empêchait pas de l'aider. Après, ce qui me gênait le plus dans le plan c'était d'être obligé de faire confiance en Mélanie. On dépendait beaucoup trop d'elle avec ce plan.
Restait aussi le petit détail que je ne voulais surtout pas aborder mais si Matiz dérangeait le vaisseau d'attaque juste pour un gamin, fallait peut-être pas que nous, on arrive en face la bouche en coeur et les mains dans les poches avec notre petite équipe sans savoir à quoi nous attendre. Nanti avait été futé d'avoir pensé à chercher des renforts même si les chercher chez une IA13 fut la seule erreur qu'il ait jamais commis mais cependant un erreur de taille. Maintenant, je voyais mal que même le géni du patron puisse nous trouver une flotte de guerre digne de celle de Valence nous seconder dans cette mission et cela tout de suite.
J'en suis revenu à la question que je ne voulais pas poser mais dont je devais avoir la réponse :
« Mélanie, est ce que Martel est un sorcier? »
Elle s'arrêta de déambuler pile en face de moi, baissa les yeux puis les releva vers moi.
« Oui » dit-elle.
« Non, enfin ce que je voulais dire, c'est est-ce qu'il a un implant ?
- J'avais compris la question. Oui, j'ai acquis la certitude qu'il s'en est procuré un par Saline et se l'est fait poser. Moi aussi je sais pirater des vidéos planétaires et j'ai accumulé suffisamment de preuves pour être sûre, qu'en plus, il sait s'en servir. Sans doute est-ce pour l'obtenir qu'il a fait semblant de coopérer avec Saline. »
Putain la garce « Vous le saviez et vous n'aviez rien dit ?
- Vos coéquipiers se risqueraient-ils à récupérer un sorcier de Calice ? » A-t-elle Répondu du tac au tac.
Sûrement pas. Enfin Maelie oui. Thymothe et Echo jamais. Nanti, je l'espère. Je n’ai pas répondu, je n'allais pas cracher sur mes camarades. A la place, j’ai demandé : « de combien de temps dispose-t-on ?
- Le vaisseau de guerre arrivera en orbite autour de la belle d'été dans 10 jours.
- Et vous pensez que Matiz attendra si longtemps avant d'intercepter Martel ?
- Je l'ignore » a-t-elle répondu.
« Alors qu'attendez-vous pour aller vous renseigner et revenir faire votre rapport ? » J'avais usé du ton du patron pour dire ça mais elle n’a pas réagi pas comme je le faisais en bredouillant : « oui de suite ». Elle a froncé les sourcils d'une façon qui m’a foutu vraiment la trouille mais comme je ne voulais pas lui laisser voir ma faiblesse, j'ai eu le culot de surenchérir « et vous avez vraiment eu du culot de nous cacher cette histoire d'implant
- Et vous, allez-vous le dire aux autres ? »
Elle n'a pas attendu pas la réponse, elle a disparu de mon champ de vision dans un souffle d’air. Très déstabilisant de voir quelqu'un disparaître ainsi mais il valait mieux, si elle m'avait encore parlé sur le ton de sa dernière phrase, je l'aurais frappée ou alors, j'aurais pissé dans mon froc. Enfin c'est une image.
Est ce que j'allais parler de cette histoire d’implant aux autres ? Bien sur que je leur dirais. On était une équipe, il nous fallait avoir toutes les cartes en main, et surtout, j'en voulais déjà suffisamment au patron pour toutes ses cachotteries, je n'allais pas m'y mettre aussi.
Nanti a été furieux quand je lui ai fait mon compte rendu. Au niveau des reproches : en numéro 1, j’aurais dû l’appeler, en numéro 2 j’aurais dû demander plus d’informations à Mélanie, en numéro, je n’aurais pas dû la laisser partir. En conclusion, je n’avais rien fait correctement.
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