lundi 17 mars 2008

Chapitre 47

47

04/02/3024 Datation légale de Valence.

14H55/ 24 : horaire de la Belle d’Eté


Grace à mon implant temporel, je peux dire que ça fait 22h que la valeureuse équipe du potentiellement innocente est enfermée dans un cachot digne des guerres de Lames. Nous n'avons pas été malmené si ce n'est par la faim, le froid et l'obscurité. Quelqu'un est venu il y a un peu plus d'une heure. On s'est tous mis en position d'attaque mais ça n'a eu d'autre effet que d'amuser celui qui a ouvert la porte. « N'y pensez même pas » a-t-il dit. Il tenait dans chaque main un petit joujou capable de nous transpercer en moins de temps qu'il ne faut pour le dire alors j'ai en effet arrêté de penser que je tenais l'occasion de m'échapper. Il s'est effacé pour laisser passer une autre personne qui a posé un plateau avant de s’éclipser et fermer la porte. Le plateau contenait une bougie qui après une si longue obscurité a paru illuminer la salle entière. Thymothe s'est précipité sur le plateau. « Ne l'éteint pas » ai-je crié mais ce qui l'intéressait, ce n'était pas la bougie mais le reste. Quelques barres protéinées, une sorte de bouillie indéfinissable et une cruche d'eau. Au milieu de ces trésors, un petit mot que j'ai déchiffré à la lueur de la flamme : mieux vaut mourir le ventre plein.

Plein d'attention. A vous couper l'appétit.

« Vous croyez que ça veut dire que la nourriture est empoisonnée ? »

a demandé Echo.

« Ca m'étonnerait »

Moi aussi j'avais confiance en la nourriture, c'était inutile de gaspiller du poison alors qu'on pouvait nous tuer de manières plus simple.

Nanti a entamé une barre avant de m'en tendre une.

« Je n'ai pas trop faim.

- Mange » m'a-t-il ordonné. Il a ajouté : « mieux vaut fuir le ventre plein. »

Evidemment vu ainsi. J'ai mastiqué péniblement une barre qui est mal passé. « Vous avez un plan patron ? »

Il n'a pas répondu.


Nous avons encore attendu 2h et la porte s'est ouverte à nouveau. On nous a dit de sortir. Il y avait plusieurs personnes pour nous escorter mais surtout, il y avait Mélanie. J'avais beaucoup de choses à lui demander mais je n'osais au milieu du monde. Nanti hésita moins, il envoya valser le premier qui le pressa d'avancer et sous son impulsion, je donnais un coup de poing à celui qui se tenait à mes cotés. Moins rapide Echo était déjà tenu en joue et Thymothe avait une arme sur la tempe. J'hésitai sur la stratégie à adopter quand des ombres m'envahirent, entrant par ma bouche et le nez m'empêchant de respirer. Je voulais hurler mais nul son ne sortit. Je haletai comme un malade sans résultat me griffant la gorge et tombai à genoux. Je sentis vaguement quelqu'un me remettre debout et l'air revenir vers mes poumons.

« Ne refaites plus jamais une telle erreur » dit Mélanie aux gars que j'avais frappés puis elle fit signe à notre jolie petite troupe d'avancer. Au moins nous étions fixé sur le rôle de Mélanie

« Traîtresse « soufflai je quand je passai près d'elle. Elle détourna les yeux et fit mine de ne pas entendre. Nanti avait été remis debout et vu comme il s'efforçait maintenant à remplir ses poumons il avait eu droit lui aussi aux petites tortures maison.

Nous arrivâmes bientôt dans une large pièce. Elle avait dû subir les bombardements. Elle était dépourvue de plafonds, laissant à nu quelques restes de murs noircis mais le sol constitué de larges dalles colorées fendues par endroit avait été nettoyé. Une longue table avait été dressée recouverte de nappes de tissus, de vaisselles fines et de mets raffinés dont les odeurs portés par les courants d'air venaient me titiller les narines. A notre arrivés, des convives richement vêtus se pavanaient autour de la table et se turent pour nous dévisager comme des artistes de rues. Mélanie quitta notre équipe et fit le tour de la table pour se placer derrière Matiz qui trônait au milieu de ses invités. Au pied de la table, enchaînée, une petite silhouette remua la tête et nous lança un regard pitoyable. Maelie. Elle se détourna mais son bref regard avait suffis à me fendre le coeur et je me débattis pour la rejoindre sans autre résultat que d'amuser la galerie. Matiz claqua deux fois dans les mains et comme fait d'un seul moule, Nos gardes saluèrent et s'écartèrent prenant place en deux rangées de chaque cotés de la salle. Et quand je dis d'un seul moule, ce n'est pas du figuré, ils avaient tous la même tête. Quand je pense que c'est Valence qui a interdit le clonage. Pour les autres oui.

Je ne laissais pas passer l'occasion, libre de mes mouvements, je bondis mais ne réussis pas à bouger d'un millimètre.

Matiz fixait mes efforts avec un sourire sadique en buvant tranquillement un verre de vin.

Il dit un mot à Mélanie qui, après un salut, s'éloigna jusqu'à Nanti. Elle lui prit le bras et s'il ne fit pas le moindre mouvement pour se débattre je sentais bien qu'il en mourait d'envie. Mélanie lui ôta l'anneau qu'il portait à la main droite et le porta à Matiz avant de reprendre sa position derrière lui. Il le porta à la hauteur de ses yeux, l'examina puis porta son attention à ses invités. « Une vie pour une vie » dit-il en montrant l'anneau à l'assemblée. « Mon père a donné cet anneau au commandant Siaro ici présent parce qu'il lui a sauvé la vie. Par ce gage, il s'engageait en échange à protéger la sienne. Et qu'a fait ce monsieur ? Chaque jour de sa vie, il a profité de son immunité pour violer une à une chaque loi de Valence. L'anneau s'éleva au dessus de sa main et disparut.

Mon père est mort ce matin et je crois que c'est la fin de votre immunité commandant » dit Matiz son sourire s'agrandissant.

Il fit signe à un garde, lui tendit un pistolet et désigna Thymothe. Le garde fit un salut, s'approcha de Thymothe et pointa le pistolet sur son cou. Je voulais me débattre, crier, faire quelque chose, n'importe quoi mais aucun mouvement ni son ne sortit. Il y eu un clic, rien de plus. Le garde s'avança ensuite vers Echo et recommença la manoeuvre puis vers moi. Mon rythme cardiaque s'accentua encore en sentant le métal froid sur mon cou. Il y eu le clic, une sorte de pincement, une démangeaison puis plus rien. Nanti fut soumis au même traitement puis le garde ramena le pistolet à Matiz.

« Je suppose que vous savez de quoi il s'agit commandant Siaro. Le patron ne fit pas le moindre mouvement.

Mais je vais l'expliquer pour vos coéquipiers » continua-t-il comme s'il avait obtenu la réponse. Il prit un morceau de bois, plaqua le pistolet dessus et pressa la détente avant de contourner la table le morceau de bois à la main.

« Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous ai laissé moisir tout ce temps à la cave alors que j'aurai pu vous tuer de suite ? »

A vrai dire, je me demandai plutôt comment me tirer d'ici.

« Je vais satisfaire votre curiosité » continua-t-il.

Il plaça le petit carré de bois entre la table et nous puis se recula de quelques pas.

« J'attendais l'arrivée du vaisseau de combat » dit-il, « vous allez servir à ma démonstration ». Il attrapa ensuite Maelie lui souffla quelques mots à l'oreille et elle cria « jamais » ensuite il l'envoya au milieu de nous. Elle voulut se jeter sur lui et Matiz l'arrêta d'un simple signe de la main puis tout en tournant autour du groupe il traça à l'aide d'un stylet un cercle lumineux. « Zone de sécurité » dit-il avant de s'éloigner à nouveau.

« Contact vaisseau de combat » dit-il.

Vu sa tête il n'obtient pas de réponse et en effet fut obligé de répéter « contact vaisseau de combat ». J'avais eu une seconde d'espoir que son sourire m'ôta

« Recherche activée » dit-il « destruction cible rayon 5millimetres action. »

Matiz fut encore obligé de répéter son ordre. Comme quoi la technologie n'est plus ce qu'elle était mais le résultat était à la hauteur de l'attente de ses invités. Un rayon lumineux traversa la salle et désintégra le morceau de bois juste devant nous sous les ho et le ha réjouis de l'assistance.

Matiz s'approcha du point d'impact d'où ne restait qu'un trou fumant. Il approcha sa main puis, pas totalement stupide, l'éloigna à l'approche de la chaleur mais ça n'empêcha pas le morceau de bois de s'élever dans les airs devant lui. Un trou fumant le transperçait de part en part.

« Cette technologie existait il y a plus de 50 ans pourtant elle a été abandonnée car jugée non fiable. Je félicite le docteur Liverger ici présent pour avoir réussi à sécurisé le rayon avec une précision de 2 milimètres et cela sur un rayon d'action de 10000Km hors atmosphère et 30 km en atmosphère et nous espérons multiplier cette distance par 10 dans les prochaines années. »

Il y eut des applaudissements, un vieil homme rougeaux se leva et salua la foule rassemblée puis les conversations reprirent autour de lui : félicitation et questions en tout genre comme si nous n'étions plus là. Matiz profita de la diversion pour revenir vers nous. « Comme vous l'aurez compris » dit-il « nous vous avons injecté une puce microscopique servant de capteur au rayon du vaisseau de combat. La zone qui vous entoure est sécurisée. Le premier qui en sort subira le même sort que ce morceau de bois » dit-il nous mettant sous le nez le reste de carré noirci. « La démonstration sur un sujet réelle pourrait être le clou de mon inauguration mais je crains que certaines des dames fragiles n'apprécient pas le spectacle. Cela dit, c'est à vous de décider si vous voulez les distraire. Je vous libère » ajouta-t-il d'un geste de la main. Je me sentis soudain bouger, perdis l'équilibre et me retrouvais assis par terre à la limite du cercle avant de me jeter en arrière pour rester bien au centre. Le trou que faisait cet engin était un peu gros pour moi. Les autres firent de même sauf Nanti qui resta droit comme un I.

« Martel ? » criai-je sentant que ma langue pouvait bouger. « Qu'avez-vous fait de Martel ? »

Matiz me jeta un regard de contrariété puis s'adressa à ses invités. « La démonstration publique est terminée » leur dit-il. « J'espère que ça vous a plu. Si vous voulez bien passer dans les salons, le docteur Liverger se fera un plaisir de répondre à vos questions. » Un à un les invités saluèrent Matiz et peu à peu la salle se vida ne laissant que les gardes Matiz et la traîtresse Mélanie.

« Martel ? »répétai-je avant de recevoir un coup de coude de Nanti.

« Mais non, laissez parler votre second commandant Siaro. Avez-vous gardé cette sale habitude de vouloir régenter tout en chacun ? Siaro ou le pouvoir de l'information. Pas étonnant que vous vous retrouviez dérivant dans une coquille de noix. Savez-vous quel est la source du véritable pouvoir commandant Siaro ? »

Il ne répondit ps. Je crois qu'il avait décidé de jouer au jeu du silence.

« Le pouvoir c'est la maîtrise des autres réalités, des mondes rejettent les lois de la physique qui cloisonnent le simple être humain, pouvoir enfermer quelqu'un dans une gaine d'immobilité venue d'un monde ou le concept de mouvement n'existe pas, se déplacer dans une réalité ou la notion d'espace est inexistante, ou détruire à l'aide d'entités invulnérables à nos armes. Ca c'est le réel pouvoir. Une science que Valence a développée au plus haut point.

Pourriez-vous offrir ça à votre petit protégé ?

- Le véritable pouvoir est la liberté » cria Thymothe et j'admirai son courage.

« La liberté » répétai-je.

« C'est souvent ce que pense les êtres limités qui ne peuvent prétendre à plus quoique même ça vous semblez l'avoir perdue » grommela Matiz. « Bref, quand on approche le vrai pouvoir, on change ses priorités.

N'est ce pas Maelie ? »

La petite sorcière détourna la tête. « dommage » dit-il

« Donc, Martel. Je vous ai fais une grande faveur. Je comptais le présenter à mes invités mais comme cadeau d'adieu, je vous en fais la primeur. Mes invités attendront.

Allez me chercher Martel » dit-il aux gardes les plus proches de la porte.

Ho non, j'espérai qu'il ait réussi à s'échapper. Au moins était-il en vie mais pour combien de temps.

Quelqu'un d'autre entra par une autre porte qui ressemblait plus à un trou dû à un éboulement et murmura quelques mots à Matiz. « Mais oui, emmenez là, ainsi nous serons tous réuni ». L'homme fit une courbette sortit et revint directement après tenant une gamine recouverte d'une robe crasseuse les mains ligotées derrière le dos et un bandage entourant la tête. J'eus du mal à reconnaître la princesse Saline dans cet accoutrement. Ces yeux pétillants sur les représentations étaient mornes et vides. Sans doute était-elle droguée car elle ne se débattit pas quand on la força à s'agenouiller devant son propre frère.

« Voilà ce que devient quelqu'un qui a connu le pouvoir et qui en est privé ».

Je compris soudain ce qu'était son bandage et le sang qui le teintait. On lui avait enlevé son implant. Arraché plutôt.

- Matiz » murmura-t-elle.

« Ordonance Matiz de la corporation clanique de Valence » corrigea Matiz. « Il n'y a plus de famille pour les traîtres.». Matiz s'approcha d'elle et lui cracha dessus. « Si je pouvais seulement te tuer ma chère sœur » dit-il soudain avec une nouvelle douceur, « crois bien que je le ferais mais nous sommes si peu nombreux et ton sang est puissant, ce serait dommage de le gâcher avant de le transmettre. La lignée de Valence doit se poursuivre Quelle ironie du sort. Tu vas avoir exactement ce que tu voulais. Du moins à quelques détails près. »

Je comprenais rien à rien si ce n'est que Saline avait tenté de renverser ses frères. Ce n'était pas une surprise, Mélanie nous avait prévenu mais de là à séparer la vérité du mensonge. La seule porte qui restait encore debout s'ouvrit sur un garde suivi de Martel.

J'en eus le souffle coupé. Il y avait un truc qui ne collait pas. La princesse Saline était par terre en loque telle une esclave qu'on venait de punir, Martel était déguisé en seigneur. Il tourna la tête un instant vers nous et je compris à son étonnement qu'il n'avait pas été prévenu de notre présence.

Il avait changé le petit et je n'étais pas certain que se soit en bien. J'avais peur de le retrouver à moitié mort et maintenant je commençais à me demander si je n'aurais pas préféré le trouver agonisant plutôt que si bien pomponné. C'est qu'il respirait la santé le bougre. Il se détourna trop rapidement comme s'il refusait de nous voir mais lança tout de même : « vous n'auriez jamais dû venir. Vous n'auriez pas pu vous contenter de me croire mort !»

C'était le coup de grâce. On avait dépensé une fortune, risqué de mourir plusieurs fois et sans doute allait-on mourir en tentant de le sauver et voilà comment il nous remerciait.

Je le regardais prendre place derrière Matiz au coté de Mélanie sur un claquement de doigt de l'ordonnance et ma gorge se serra. On allait mourir et pour rien. Pire, on allait mourir pour un traître. Et surtout, on allait mourir. Cette pensée pourtant évidente se grava enfin dans mon esprit. Echo et Thymothe me regardaient : « Je te l'avais bien dit » dit ce dernier. Bien sur, ils m'avaient tous prévenu mais mon petit gars n'aurait jamais fait ça.

Matiz se délectait de ma détresse et Mélanie ébaucha un sourire du genre qui dit : je vous ai bien eu.

J'avançai jusqu'à la limite du périmètre de sécurité et m'exclamai. « Martel tu ne peux pas avoir rejoint Valence ? Pourquoi ?

- Pour le pouvoir » répondit Matiz à sa place.

Non, Martel n'était pas comme ça. Bien sur il aimait les vaisseaux croisière, le luxe et la belle vie mais il détestait Valence, c'était impossible.

« Le brave Martel m'a été d'un grand secours pour débusquer les perfidies de ma chère soeur. Il s'est prêté à son petit jeu de séduction et a su profiter de sa naïveté pour déjouer ses plans et me mettre en garde contre elle et contre un réseau indépendantiste. »

Martel sembla enfin apercevoir la princesse qui sanglotait doucement.

« Elle a la place qui lui revient » dit Matiz suivant son regard. « Elle sera parfaite pour porter tes enfants et prolonger ainsi la puissance de la lignée de Valence. Pour le reste... En ce qui me concerne, elle n'est plus ma soeur, tu peux en faire ce que tu veux. »

J'espérai voir au moins un semblant de répulsion chez Martel en écoutant ces horreurs mais il se contenta de hocher la tête.

« Il ne me reste plus qu'un dernier détail, une dernière preuve de ta loyauté. »

Il sortit de sa ceinture une arme antique et la tendit à Martel. « Tue les » dit-il en nous désignant.

« Quoi ?

- Bien sur, je préférerais admirer la puissance de mon nouveau vaisseau de combat mais cette méthode me semble plus appropriée. Montre que tu es fidèle à Valence, débarrasse nous de ces bons à rien. »

Martel hésita mais finit pas accepter l'arme qu'on lui tendait et se dirigea vers nous.

Je n'avais pas encore intégré l'idée de mourir mais de me faire tuer de la main même de celui qu'on venait sauver.

« Je suis désolé » nous dit-il en pointant l'arme sur Thymothe.

Maelie poussa Thymothe pour se mettre au premier rang. « Commence par moi » dit-elle. Je m'interposai « sûrement pas ». Nanti me repoussa en arrière laissant Maelie aux premières loges. « Commence par moi » répéta-t-elle. Elle était toute droite, très fière.

Martel secoua la tête et je compris qu'il luttait. « Pas toi Maelie »

Mais elle restait de marbre le fixant dans les yeux

« Allons, fais-le » dit-elle. « Mets fin à toutes les promesses que tu m'as faite.

- C'est qu'on dirait que mon nouvel esclave a fait chavirer le coeur de toutes les jeunes sorcières. » Matiz se délectait visiblement de la situation.

Martel ferma les yeux le bras crispé sur son arme et la pointa résolument sur Maelie. Il allait tirer, Maelie allait faire quelque chose, il le fallait. Je me tournais légèrement vers Matiz qui jubilait et Mélanie imperturbable à ses cotés. Avec ces deux là ses pouvoirs étaient totalement inhibés. Il allait la tuer. Elle restait toute droite. Je me demandai si je serais capable de mourir avec tant de dignité quand se serait mon tour.

« Je suis désolé Maelie ». Et je vis que Martel pleurait en disant ça. « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je crois qu'il a rajouté qu'il l'aimait mais si bas que je ne peux en être sur puis il a ôté la sécurité de son arme, a fait volte face et a tiré sur Matiz.

Tout s'est passé si vite que mon cerveau a à peine eu le temps d'enregistrer les faits. Il y a eu un cri. Dans un premier temps j'ai cru que c'était Maelie mais en fait c'était Mélanie qui s'était jeté devant Matiz. Maelie, elle, est tombée par terre mais je crois juste à cause de la peur.

Mélanie s'est effondrée dans les bras de Matiz et Martel est resté debout son arme à la main comme paralysé. Il a eu un hoquet, s'est comme réveillé et a crié « Mélanie, non ! » Il a voulu se précipiter vers elle et Nanti l'a attrapé avant qu'il s'éloigne de notre cercle. Matiz avait perdu tous ses moyens. Il avait pris Mélanie dans ses bras et la suppliait de revenir à elle. Les gardes attendaient le moindre signe de l'ordonnance pour intervenir mais aucun n'osa s'approcher ni de nous ni de Martel. Dans un coin sombre de la pièce, enchaînée à la table, Saline souriait une lueur mauvaise dans les yeux.

Puis, Matiz a repris ses esprits. La première chose qu'il a fait fut de commander au vaisseau de combat d'annuler l'espace de sécurité mais rien ne s'est passé. Martel nous a regardé, a semblé réaliser que nous étions encore vivant et a pointé son arme sur Matiz mais elle lui est tombée des mains. Matiz s'est levé, il était couvert du sang de Mélanie et Des fumées noires sortaient de ses mains. J'ai pas eu le temps de réfléchir entre mourir par le feu du vaisseau de combat ou par sorcellerie, je me suis enfui. La fumée est retombée sous forme de pluie rouge mais Maelie leur a fait une sorte de bouclier car elle n'a atteint personne. Maelie ou Martel. J'ai réalisé enfin que j'étais hors du cercle de sécurité et que je n'étais pas mort. Les autres l'ont vu aussi et ont couru en dehors du cercle mais les gardes sont intervenus pour nous bloquer la sortie.

Dehors, un ronronnement s'est amplifié jusqu'à la déflagration d'un réacteur. Plusieurs appareils atterrissaient. Il était temps de filer et vite. Je me suis précipité sur l'entrée mais je me suis cogné contre un mur invisible. Un champs de force sans doute ou un autre tour de Matiz. Martel et Matiz étaient face à face. Ni l'un ni l'autre ne s'occupaient de nous. Tout autour d'eux, les ténèbres se formaient. J'évitai de justesse le tir d'un garde me jetai à terre et attrapai l'arme que Martel avait lâchée. À ce moment là toute une partie du mur s'effondra laissant la vue sur l'extérieur et une véritable armée se rua à l'intérieur. Nous n'avions plus aucune chance. Il y en avait tant que je ne savais plus sur qui tirer puis je vis Matiz en plein dans mon champ de tir. J'appuyai et il s'écroula comme un vulgaire être humain.

Maelie apparut soudain à mes cotés « oui » s’écria-t-elle en frappant dans ses mains.

« Il n'était même pas protégé ! » Je n'en revenais pas, je n'y avais pas cru la moindre seconde.

« Si, il l'était » dit Maelie Fièrement « mais Martel l'a suffisamment affaibli pour que je détruise sa barrière protectrice. »

Pendant un instant, le temps que Matiz tombe à terre, les gardes perdirent leurs repères puis j'entendis des hourras venant des nouveaux venus qui se jetèrent sur les gardes restant sans s'occuper de nous. Je regardais dehors. Plusieurs navettes s'étaient posées dont une avait sorti l'emblème des indépendantistes. « Il faut fuir » me dit Thymothe. Ma première impulsion fut de le suivre mais je pensais à la puce qui était encore en moi. A tout moment le vaisseau de combat pouvait nous achever. Plus nous nous éloignions de la zone plus nous risquions que l'appareil nous identifie. Nanti ne me laissa pas y réfléchir d'avantage, il m'attrapa le bras et nous nous jetâmes par l'ouverture. Plusieurs navettes supplémentaires s'étaient posées mais celles là portaient l'insignes de Valence. Au milieu du champ de bataille un colosse donnait des ordres.

Il fit signe à Nanti et lui désigna un vaisseau. Ce fut seulement à ce moment que je reconnus Malha de la flotte des rois du monde.

Je n'hésitai pas une seconde et me précipitai vers le vaisseau indépendantiste, tout valait mieux que les hommes de Valence mais Nanti me retint.

« On ne peut pas faire ça » dit-il. « Le vaisseau d'attaque peut nous tuer à tout moment. Si nous sommes dans ton vaisseau, il le détruira ». Je reconnus le rire tonitruant de Malha. « Content que tu sois enfin honnête avec moi Siaro ». Il lui prit la main et la comprima dans sa grosse patte « Le vaisseau d'attaque. Joliment berné par Raisonnance, il est loin ».

- Quoi ? » dis-je « Mais je l'ai vu en action.

- Raisonnance » dit Malha, « toujours Raisonnance. Il a intercepté la fréquence du communicateur de Matiz et a pris la place du vaisseau de combat.

- Mais... »

Nanti ne me laissa pas finir, c'était la débâcle. D'autres vaisseaux se posaient avec les insignes de sécurités de la belle d'été. On n'allait pas tarder à se retrouver coincé dans des tirs croisés. Je courus quand soudain, je vis Martel. Il vacillait tenant Mélanie inerte dans ses bras. Je me précipitai vers lui, examinais rapidement la sorcière. « Elle est morte » lui dis-je.

« Je sais. C'est moi qui l'ai tué. »

Evidemment j'avais tout vu, j'étais là. Il tomba à genoux et se mit à pleurer

« Laisse là et viens avec nous.

- J'ai tué ma sœur » gueula-t-il.

Oui ben c'était plutôt une bonne idée. Je me retins de le dire à voix haute. Pas sur qu'il partage mon opinion.

« Laisse là et viens » répétai-je.

Il y eut une lumière aveuglante et un arbre juste derrière nous s'écrasa dans un craquement infernal. L'attaque aérienne commençait.

« Et vite » ajoutai-je.

Ca tirait dans tous les coins. Un homme nous fit face, d'instinct je lui jetai mon poing dans la gueule. Il tomba et je restai debout très fier jusqu'au moment où je sentis un picotement, je me baissai et vis que je saignais et pas un peu. Le monde vacilla autour de moi. J'entendis Martel crier mon nom, quelqu'un ordonna qu'on se rende puis le paysage s'assombrit j'eus encore le temps d'apercevoir des figures issues de mes pires cauchemars, le ciel strié de noir et de rouges puis tout disparu.

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