vendredi 22 février 2008

Chapitre 32

32

23/10/3023 Datation légale de Valence.

21H00 / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

Maelie est sur la plate forme externe. Couchée sur la carlingue, un coussin derrière la tête, elle regarde le vide. Elle n’a pas encore l’air d’être au mieux de sa forme mais peut-être faut-il juste lui changer les idées. « J’ai piraté une projo à couper le souffle. Même Echo a dit que c’était du grand. Je te la passe sur le champ de force ?

- Je préfère regarder les étoiles.

- Oui, sans doute. » Elle aurait du mal à me convaincre de l’intérêt de la chose.

« Tu as refait un scanner ?

- Oui, parait que ça va.

- C’est bien.

- Oui. »

Quel enthousiasme délirant ! A croire qu’elle va se mettre à pleurer.

« Qu’est ce qui ne va pas Maelie ?

- Un truc qui me tracasse.

- Quoi ?

- Rien. »

Je respirais un bon coup. C’était bien un comportement de fille ça. Je le dis, je ne le dis pas. Qu’est ce qu’elle voulait, que je la supplie ? Je restais à coté d’elle, immobile et je tins bien cinq minutes avant de craquer : « Tu vas me dire ce qui te met dans cet état.

- Martel.

- Quoi Martel ?

- On a eu une conversation peu avant sa disparition. »

Mais c’est que j’allais peut être apprendre le potin du siècle « Oui ?

- Je voulais qu’il m’emmène sur une planète.

- Oui enfin, c’est le rêve de tout en chacun mais si tu veux, je t’emmène sur la froide. » Pas de réaction, à croire qu’elle avait perdu son sens de l’humour.

« Je m’étais dit que si on lui trouvait un implant il pourrait être super fort.

- Oui bien sur. Tu sais le prix d’un implant psychique d’un tel niveau outre le fait que c'est impossible de s'en procurer un ?

- Oui je sais mais on aurait pu trouver un truc pour en trouver un ».

Donc, elle ne devait pas savoir sinon elle serait consciente qu’on aurait plus vite fait de se payer un vaisseau croisière pour remplacer le potentiellement innocente.

« Il n’y a que Valence pour pouvoir réunir une telle somme juste en claquant des doigts.

- C’est ce que Martel m’a dit alors je lui ai dit que je l’aiderais à réunir la somme. Je crois que ce que je voulais surtout c’est qu’il soit comme moi»

C’était mignon. Utopique, idiot, malsain, dangereux mais mignon. « Et qu’est ce qu’il a dit ?

- Il a répété que seul Valence le pourrait.

- Et ensuite ?

- Rien. Je crois que Thymothe est arrivé et que ça a mis fin à la conversation mais tout à l’heure, j’ai entendu Nanti émettre la possibilité que Martel soit parti de son propre chef alors ça m’a fait penser à ça.

- Quel rapport ?

- Il aurait pu rejoindre Valence pour avoir un implant.

Elle n'allait pas s'y mettre aussi. « Dans ce cas, il n'avait qu'à partir quand il voulait, on ne le tenait pas prisonnier et de toute façon Valence ne lui ferait pas assez confiance pour lui poser un implant. Ils ne sont pas complètement stupide et puis Martel ne veut pas de ça » je n'ajoutai pas qu'il n'avait pas ce genre de perversion, pas la peine de froisser Maelie.

- Mais ce n’est pas tout.

- Quoi d’autre ?

- Un jour, je l’ai entendu parler à une fille.

- Ha oui !?

- Oui, j’ai d’abord cru qu’il parlait avec le vaisseau mais ce n’était pas la même voix. Je me suis approchée mais le champ de force de ses quartiers grésillait, l’isolation phonique était branchée mais se coupait par moment. Enfin tu sais, comme ça arrive tout le temps. Bref, je n’ai rien compris mais j’ai bien entendu une voix de fille et ce n’était pas celle de l’ordinateur du potentiellement innocente

- Il peut avoir reconfiguré la voix de l’ordinateur. Tu lui as demandé avec qui il parlait ? »

- Oui »

Il fallait lui extirper les mots de la bouche à celle là. « Et qu’a-t-il dit ?

« Que c’était la voix du vaisseau qu’il avait changé pour rire. »

Tout ça pour ça. « Tu vois !

Elle lui susurrait des mots doux, pas des trucs d'ordinateurs et j’ai demandé au potentiellement innocente et le vaisseau n’a répertorié aucun changement de programme vocal. « Alors, qu’est ce que tu penses de ça ? »

Bon, tans pis pour les secrets de Nanti. « Martel était en contact avec Mélanie. Je le sais par Nanti.

- Oui, je le savais aussi. » Super, tout le monde le savait sauf moi.

« Bon ben alors tu sais que c'est sans doute avec elle qu'il parlait.

- Je t'ai dit qu'elle lui disait de mots doux. Mélanie est la soeur de Martel et ils n'ont jamais rien fait d'autres que se disputer.

- Quoi !!!?

- Je te dis qu'une fille faisait du charme à Martel » hurla-t-elle à moitié hystérique.

« Non tu as dit que c'était sa soeur.

- Mélanie, oui, tu ne savais pas ?

- Comment aurais-je pu le savoir ? » Elle se calma un peu. « Je pensais que vous étiez au courant, je l'ai découvert au cours de mes recherches sur l'Impérium. Je l'ai dit à Nanti. C'est pour ça que je ne comprends pas qu'elle ait tenté de me tuer, je croyais qu'elle était de notre coté. Tu sais, la famille, tout ça. Mais c'est qu'une garce, une manipulatrice. Je suis sûre qu'elle se sert de la disparition de son frère pour nous utiliser et je ne sais même pas pourquoi »

J'écoutais ses injures à moitié, le temps de digérer cette nouvelle information. Et Nanti savait. Elle aurait pu le dire à un mur qu'il y avait plus de chance qu'il crache le morceau. Et après le patron osait nous faire ses discours comme quoi nous devions mettre nos informations en commun.

« De toute façon ce n'est pas ça qui m'inquiète. » Maelie s'était arrétée de parler. Bon sang que ça pouvait être compliqué une fille, que pouvait-il y avoir de pire qu'avoir des gênes commun avec une psychopathe « alors quoi ?»

Elle devint soudain toute rouge. « Martel, Comme j'insistais pour savoir ce qu'il cachait, il s'est approché de moi. Il m'a pris la tête et » elle hésita et continua « et m'a fait un bisou » Elle devint encore plus rouge « ici » insista-t-elle » en montrant le coin de ses lèvres « et il m'a dit « Je t'emmènerais sur une planète un jour. Je te le promets. »

Mais c'était mignon tout plein ça. Si jamais on retrouvait Martel. Non, quand on retrouverait Martel, hors de question qu'il fricote avec Maelie. Les couples dans les vaisseaux c'était toujours source de problèmes.

« Et cette file qui lui disait des choses...

- Réacteurs secondaires en surchauffe ». Le vaisseau m'avait coupé de mes réflexions. Cette machine va nous claquer entre les doigts un jour où on sera loin de toute civilisation et hors route commercial et que là, on rigolera moins. Je forçai Maelie à lâcher sa contemplation des étoiles pour me regarder. « On va le retrouver »

Je me levai pour retourner à ma salle des machines voir ce que le vaisseau avait encore. Encore plus exigeante qu'une femme cette mécanique.

« Tu ne comprends rien » dit Maelie soudain prête à nous concocter de nouvelles ombres brûlantes. « Si je t'ai dit ça, c’est parce que je pense que Martel avait un plan. Je commence à croire que les autres avaient raison. Il ne s'est pas fait enlever, il s'est enfuit parce qu'il avait un plan.

Nanti m'a tout raconté. Il m'a même dit que quelqu'un avaient détourné des implants psychiques.

- Et le régent a dit que seul des proches de Valence avaient pu faire le coup.

- Plutôt que de se demander qui a fait le coup, on pourrait peut-être se demander à qui ils étaient destinés. »

JE fus obligé de quitter Maelie, appel du vaisseau oblige. Ou plutot appel de Nanti pour me rappeler à l’ordre. L’appel en question a été effacé du drone. Pas politiquement correct. Je suis descendu en hâte dans le coeur du vaisseau tout en repensant à Maelie, je ne l’aimais pas entendre parler avec ce ton et ses hypothèses me faisaient froid dans le dos. J'étais donc le seul à me rendre compte que Martel était un bon gars qu'on avait bien élevé et que jamais il ne nous aurait fait faux bon. J'espérai de tout coeur que Maelie garde ses réflexions pour elle. Nanti serait capable de les prendre en compte et peut-être abandonnerait-il les recherches. Le système était immense et ce n’était qu’une tête d’épingle sur la galaxie, sans doute devaient-ils y avoir des milliers, voire des millions de personnes capables de supporter un tel implant. Je n'étais pas un intellectuel moi, ça me prenait la tête toutes ses questions. Devant moi, mes outils planaient littéralement se rapprochant du sol beaucoup trop lentement, moi-même, je me sentais de plus en plus léger. D'accord, le système gravitationnel faiblissait. Au moins j'aurais de quoi m'occuper pour me changer les idées.

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