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32/10/3023 Datation légale de Valence.
23H25 / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente
Journal de bord du potentiellement innocente. Nous sommes actuellement dans la salle commune du vaisseau. Suite à une légère anicroche avec la population locale d’une station nomade de type déchéance, nous nous retrouvons avec un pique assiette. Si je parle si doucement c’est qu’il est à l’autre bout de la salle. Nanti est en train de lui expliquer notre intention de récupérer Martel.
C’est qu’on a avancé d’un pas de géant. On l’a repéré sur la belle d’été et on sait même qui l’a enlevé. C’est la petite princesse Saline
Nanti n’a pas eu le cœur de laisser Muro seul avec son labo en cendre et une bande de looseurs en quête de vengeance. Sur le moment, j’ai trouvé très charitable de sa part de lui proposer de venir avec nous mais je l’ai vite regretté. Muro est insupportable. J’ai l’espoir qu’on s’en débarrasse le plus vite possible.
« Je ne suis pas d'accord. »
C’est pour des trucs du genre que je ne le supporte pas. Trop négatif comme mec. Et égocentrique. J’élevai la voix : « On ne te demande pas si tu es d'accord ou pas, on te met au parfum c'est tout.
- Ce parfum pue alors soit le récit est incomplet soit c'est ta cervelle qui est incomplète. »
Je vois le genre, c'est Nanti qui a expliqué l'histoire de Martel à Muro mais les injures, il n'irait pas jusqu'à les sortir au patron, c'est sur moi que ça retombe.
« Et dis à ton drone d'aller voir ailleurs si j'y suis.
- Tu n'as qu'à lui dire toi-même puisque tu es si fortiche avec les machines, ça dépasse les capacités de mon cerveau limité.
- Drone, désactive processus de lévitation s'il te plait. »
La pauvre petite machine tomba telle une pierre reprise en main par la gravité du vaisseau
Il allait le foutre en l'air à le faire tomber ainsi. Sale machine en plus, je l'ai configuré pour n'obéir qu'à moi, il n'aurait pas dû écouter ce frimeur.
« C'est le s'il te plait qui fait tout »
Comment il se la joue avec son air trop fier, genre moi je fais ce que je veux avec mon super implant. Si seulement il y avait des implants pour manœuvrer le patron. Ce serait le pied ça.
« Vous avez fini tous les deux ? »
Pourquoi Nanti faisait-il encore des phrases avec des points d'interrogation ? Bien sur que non, je n'en avais pas fini, je n'en aurais pas fini avant d'avoir réussi à effacer le sourire débile de la belle gueule de Muro mais je me tairais car ça lui ferait trop plaisir si Nanti me réprimandait devant lui. Depuis qu'on l'avait embarqué, il n'arrêtait pas de faire son fier et à la moindre remarque il nous la jouait pauvre victime du genre : c'est votre faute si mon labo a cramé et que je me retrouve désoeuvré, obligé de squatter le potentiellement innocente.
« Je ne dis pas que cette histoire ne se tient pas, je dis juste qu'il semble prématuré de foncer sur la Belle d'été. Sur les dernières images votre gars semblait s’être échappé. Voyons comment il se débrouille »
Echappé, un bien grand mot, il se battait avec un type qui avait deux fois sa taille et nous n'avons pas eu le temps de voir l'issu du combat, on avait le nôtre à gérer.
« Bien sur, on attend de regarder sa mort à travers quelques satellites de la belle d’été à condition qu’il ait la prévenance de mourir dans un lieu accessible aux satellites. Au moins, maintenant on avait la preuve que c'était bien un enlèvement. J'avais bien frimé à coup de « je vous l'avais bien dit »
« Bien sur, c’est mieux de se faire tuer aussi » reprenait Muro. « On sait que Saline est impliqué et que c’est déjà un gros morceau mais en plus m’est avis qu’il se peut qu’elle ne soit pas seule, le propriétaire terrien doit être impliqué aussi et sans doute a-t-il un bon paquet de gars à son service, sans parler du reste de la famille de la corpo de Valence qui sont peut être dans le coup ».
Nanti nous arrêta avant que ça tourne mal. J'ai mis quelqu'un sur l'affaire afin de surveiller les autres grands pontes de Valence.
- Quelqu'un sur l'affaire ? » Bien sur, Muro avait de quoi être sceptique. On ne surveille pas les grands pontes de Valence aussi facilement qu'un petit délinquant d'une station quelconque.
« Magistère
- Magistère ? » Répéta Muro sur le même ton sceptique.
« Vaisseau, informations sur Magistèr s'il te plait » continua-t-il.
Parce qu'il n'aurait pas pu nous le demander à nous. Non, nous n'étions pas assez bien pour lui, il préférait le demander directement au potentiellement innocente qui cela dit en passant était mon vaisseau ou du moins celui de Nanti mais sûrement pas le sien. C'était moi qui le bichonnait et sûrement pas pour que n'importe qui lui grille les circuits en lui posant des questions idiotes.
« 1800000 réponses » lui répondit laconiquement le potentiellement innocente.
Bien fait, ça t'apprendra à poser des questions à la con. « T’es super bien avancé là.
- Restriction, noms humains. Liste par ordre hiérarchique.
- Numéro 1 » récita le vaisseau, « Eloïm Magistère, Gérant de la station orbitale planète artificielle. Sorcier télépathe catégorie 1, service direct de l'empereur Pantin.
- Merci vaisseau, je m'arrête là.
- Tu fais ami ami avec tout le monde à ce que je vois ? »
Si j'avais parlé ainsi au patron, je serais déjà cloisonné dans mes quartiers mais avec Muro, rien.
« J'ai quelques relations » se contenta-t-il de dire. « J'ai l'intuition que toi aussi tu as certains amis qui pourraient m'être utile.
- Genre, des amis illégaux ?
- Genre des amis qui pourraient nous récupérer les satellites de la Belle d'été voir élargir le cercle de recherche de Martel aux caméras privées
- C'est super interdit ça
- Oui
- Et mes amis sont un petit peu capricieux et bloquent sur l'illégalité.
- Il y aurait peut-être moyen de les convaincre ?
- Allez savoir
- Je pourrais essayer »
J'allais les ramener à la réalité : « Patron, niveau finance c'est pas terrible. Et niveau mecs louches, je crois qu’on a le quota.
- Qui parle de finances et de mecs ? »
Nanti me regarda soudain d'une telle façon que je fus persuadé que je venais de me faire avoir sans arriver à cerner où ni comment. Sentiment très désagréable.
Muro secoua la tête. « C’est non. Je ne peux rien te dire, j’ai juré le secret.
- A qui ?
- A moi-même. C’est mon bon plan. Si je le fais partager à tous, qu’est ce que ça me rapporte à moi ? »
L’ordure. Je ne savais pas de quoi il parlait mais c’était un discours d’ordure. Et dire qu’on l’avait recueilli, fourni un champ de force avec de l’oxygène et une gravité acceptable et voila comment il nous remerciait. Il s’accrochait telle de la limaille sur un écran magnétique sans jamais faire le moindre mouvement pour nous montrer sa gratitude.
« Et dites lui d'arrêter de me regarder comme ça » finit-il en désignant Maelie tranquillement assise en tailleur à l'autre bout de la pièce.
Il était hyper paranoïaque en plus. Elle ne s'occupait pas de lui. Le bon point dans l'histoire c'est qu'il ne la draguait plus, il n’osait même pas lui adresser la parole directement.
« Demande lui toi même.
Il tourna le dos à Maelie et lui dit d'arrêter de le fixer.
« Je regarde qui je veux, quand je veux, comme je veux » lui répondit-elle.
Il se conduisit alors comme la pire des lavettes. Il se leva et s'en alla. « Il aurait dû dire s'il te plait » dit Maelie et même la patron acquiesça.
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