mardi 27 novembre 2007

Chapitre 11

11

13/03/3023 Datation légale de Valence.

17H30 / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

Nous avons atteint la périphérie de Kelly sans difficulté et j'ai pu recommencer à respirer. Nous espérerons que la disparition de la fille ne soit pas découverte immédiatement et je dois admettre que mettre les Sylphides sur une fausse piste était une idée géniale. Du moins si réellement on peut faire confiance au général du nuage d’été. Restait un point à éclaircir, avait-on vraiment la fille ?

J’y réfléchirai plus tard, la navette de secours du vaisseau est entrée dans notre champ radar. Martel. Il devait nous attendre depuis un moment. La petite navette s’incruste à sa place. Ca y est, Martel apparaît sur la plate forme du vaisseau.

Nanti tourne son fauteuil vers un coin de la salle. « Nous avons passé la périphérie de Kelly, tu ne risques plus rien maintenant. »

Il y eut comme une transformation de l’air, un peu comme à travers de la vapeur d’eau, puis un effet d’optique m’a fait loucher et enfin la fille est apparue. Je disais la fille mais en pensant à une femme. Genre la trentaine et j’espérais plutôt mignonne même si fricoter avec une sorcière ne fait pas partie de mes fantasmes. Plutôt mignonne, elle l’était. Mais toute petite. Elle devait avoir quoi, dix ans tout au plus. Nanti était aussi étonné que moi. Merci Marvin pour le tuyau, On se spécialisait dans le détournement de mineurs maintenant. J’étais sur qu’il y avait un truc louche an son histoire rocambolesque. La petite se relève et c’est à peine si elle ne se tient pas sur la pointe des pieds pour faire plus grande.

« Une gamine ». Echo a dit tout haut ce qu’on pense tous tout bas. « Tu n’avais pas précisé ton age ».

- Vous ignorez sans doute la difficulté que j’ai eu à me procurer un bout de papier pour communiquer autrement que par le réseau sécurisé. Vu la taille du support, je me suis cantonné à l’essentiel ». Ce petit bout faisait sa fière, les bras croisés, comme si elle se prenait pour une adulte. C’était presque risible. Je croyais qu’il fallait être adulte pour toucher à la sorcellerie. Marvin ne cessait de se plaindre de la difficulté de maîtriser la magie et de la force morale qu’il fallait posséder. J’avais devant moi la preuve vivante du contraire. Une simple petite crevette cette gamine.

« Peut-être n’avons nous pas la même définition de l’essentiel » a grommelé Nanti.

« Vous avez besoin d’une dissimulatrice, je suis dissimulatrice.

Le reste me parait accessoire ».

Un petit bout de femme pas fini qui tenait tête à Nanti. Voila qui promettait d’être amusant. Je pensais qu’elle allait se prendre une gifle. Mais non, Nanti sourit même.

« Comment t’appelles-tu ?

- Je n’ai pas de nom. Pour les Sylphides, on est tous pareil

- Tu as reçu une formation ?

- Je l’ai même finie. Chez les Sylphides, on travaille dès le plus jeune age. Je ne suis plus une petite fille

- Tu veux jouer à la grande. Ok. Interdiction de discuter mes ordres, tu prends la part de gardes comme n’importe lequel de mes hommes, tu auras droit à 300 par mois pas un sous de plus.

- 500 »

- 300 non négociable.

- Tope là » Voilà du marchandage rapide. Marvin ferait bien d’en prendre de la graine. On avait gagné 200 sur le salaire que Nanti comptait débourser mais je ne suis pas sûr qu’on ait fait une bonne affaire. En tout cas, Nanti a ignoré sa petite main tendue.

« Une fois que j’aurais vu de quoi tu es capable et seulement si j’en suis satisfait. » Voila, je retrouve le patron là.

Charlie vient d’arriver. Il s’arrête net en voyant la petite. On sent bien qu’il cogite. Il la pointe du doigt. « J’aurai du m’en douter. En fait vous m’avez menti en me faisant croire que vous me laisseriez travailler pour les Sylphides. » Ca y est, il a compris qu’il s’était fait berner.

« Comment va Thymothe ? » Nanti a ignoré ses récriminations. C’est qu’il se préoccupe avant tout de la santé de son équipage.

« Il a fait une grosse réaction à quelque chose dans l’air, sans doute le soufre. Il s’en remettra mais ça ne va pas arranger sa phobie. J’ai raison, vous m’avez mené en bateau pour récupérer cette fille.

- Pas du tout, si tu veux travailler pour les Sylphides, je t’ai ouvert la voie. Tu es libre d’y aller.

- Seul ? dit-il soudain apeuré.

- Evidemment, je ne vais pas jouer les nounous.

- Je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée.

- Alors tu restes avec nous ?

Silence.

- Bien. Charlie, je te présente la petite. Il lui faudra un nom. En attendant de lui trouver ça, nous l’appellerons la petite.

- Mais… » La petite rebelle devrions nous dire.

Nanti la coupa. « J’ai dit en tout premier : On ne discute pas mes ordres. Jamais. On dit oui Patron.

- C’est de l’esclavage

- Mes hommes sont tous libres. Ils sont libres de partir quand bon leur semble ou de dire oui Patron. »

Elle eut le bon réflexe de la fermer. Elle apprend vite.

Echo fut le premier à tendre la main à notre nouveau membre d’équipage et à lui souhaiter la bienvenue. Je m’en veux de ne pas avoir eu ce réflexe le premier.

Puis ce fut le tour de Martel. La rencontre de ces deux petits avait quelque chose d’insolite. On aurait dit qu’ils se jaugeaient, les deux se détaillant comme deux prédateurs. Je ne comprends pas l’attitude si agressive de Martel, il aurait dû être content d’avoir un nouveau membre d’équipage et en plus il ne serait plus le plus jeune. La petite, je la comprenais, vu la froideur de Martel, il était normal qu’elle soit sur ses gardes.

« Bienvenue à bord » maugréa enfin Martel de mauvaise grâce.

Echo prit place pour me seconder aux commandes, c’est vrai, j’oubliais que je devais surveiller les hologrammes.

« Il y a un vaisseau sans identification. Mérino, il est à peine à 4min vitesse standard, tu ne pouvais pas surveiller ! »

Le flagrant délit d’incompétence et dès l’arrivée de la petite. En plus, je ne peux rien dire pour me justifier, je suis tout à fait en tort. Heureusement, Nanti s’occupe en priorité du problème. Les réprimandes viendront plus tard.

« Il est visible ?

- Pas encore, sans doute a-t-il les feux éteints.

- Les Sylphides ?

- C’est un indépendantiste ». Encore ! Au fonds, c’est rassurant

Les marchandises sont presque écoulées sauf celles de Marvin et ce qui reste ne valent pas la peine de risquer la vieille carlingue du potentiellement innocente avec nous dedans. « Arrête les moteurs, attends et en cas d’interception lance un signal de reddition ».

C’était la procédure normale, vu la mauvaise qualité de nos marchandises, ils ne prendront peut-être même pas la peine de l’emporter.

- Il s’approche.

- Tu m’étonnes, ils n’allaient pas se priver

- Nous ne nous laisserons pas intercepter. » C’est Nanti qui a lancé cette suggestion suicide. Comme si on en n’avait pas déjà assez fait aujourd’hui

« Ils sont plusieurs patrons. Je détecte au moins trois signaux. » Echo a raison. Bonne remarque.

« Rebranchez les moteurs, on file. La Petite, il est tant de nous montrer qu’on a eu raison de te sortir des griffes virtuelles des Sylphides.

Je veux que le potentiellement innocente disparaisse. Plus de visuel, plus aucun signal électromagnétique, lumineux, sonore, électrique ou quoi que ce soit d’autre.

- Vous voulez que je fasse disparaître tout le vaisseau à une flotte indépendantiste entière !

- C’est pour ça qu’on te paye, et si ça peut te motiver, la seule chose rentable ici, c’est toi alors si tu veux profiter de ta zone de liberté, au boulot ! »

Les moteurs sont rallumés et le commandant a donné l’ordre de virer de bord. La petite est restée pétrifiée. Je pensais que c’était de terreur devant les remarques du patron. On ne parle pas ainsi à une enfant. Mais son attitude statique durait et elle transpirait. Elle a les yeux clos. Mais pas juste fermés, crispés plutôt. Elle appuie fermement sur une petite plaque métallique perdue au milieu de sa chevelure et avec l’autre main, elle s’est mise à dessiner dans l’air. Au début, je pensais qu’elle bougeait la main inutilement mais après, j’ai vu qu’elle créait des hologrammes dans l’air. Des trucs venus d’on ne sait où apparaissaient et disparaissaient autour d’elle dans une spirale de plus en plus large.

- Ils ont l’air d’hésiter Patron.

- Petite, sommes nous invisibles ? » Elle ne répond pas.

- Petite, sommes nous invisible ?

Elle a fait un signe de tête. Le Maître Nanti ne l’a pas vu, il regarde la flotte qui approche sous nos pieds. « Je pense qu’elle a dit oui patron ».

- Bien, alors, tu vires vers eux et tu piques du nez, nous allons traverser la flotte.

- Quoi ! C’est de la folie !

- Ils penseront qu’on fuit, ils n’imagineront pas nous chercher si près.

- Évidement parce que c’est du suicide.

- Fais ce que je dis. »

Voila la manœuvre la plus absurde de ma carrière de pilote. Echo prend ma place. Il est plus doué que moi le slalome. Je m’assieds à ses cotés pour le seconder. Là toute ma concentration doit se fixer sur un seul but : survivre et Echo a foncé dans le tas. J’ai fermé les yeux très fort et Ca a marché. Nous les avons semé. Du moins, nous sommes passés entre leurs vaisseaux, nous les avons frôler de si près que j’aurai pu apercevoir des hommes sur les chiottes si j’avais osé regarder et pourtant aucun n’a fait le moindre mouvement vers nous jusqu’au moment où l’espace est redevenu vide devant nous. Alors Nanti s’est adressé à Echo.

« Bien, nouvelles coordonnées 14 54 45 03 retour vitesse de croisière. Tu peux réveiller la petite.

Je mets un bras sur l’épaule de la gamine. Elle ne dort pas. Elle tremble et elle est toute pale mais elle a les yeux ouverts. « Je bosse pour un dingue » lance-t-elle soudain avant de se laisser tomber contre le champ de force. Elle est perspicace, moi, il m’a fallu plusieurs semaines avant de m’en rendre compte.

Martel se précipite dans la salle des commandes. « T’es un malade Patron ». Ce n’est pas une façon de parler mais il n’a pas tort. Le patron s’apprête à le remettre à sa place mais le radar capte notre attention. La flotte indépendantistee. Elle nous encercle. La fille parle d’une voix étranglée. « C’est impossible, je les ai semés, j’en suis sûr. J’ai tout brouillé. Je te jure Patron Nanti ».

Le cercle se rapproche.

« Je fais quoi patron ? »

- On attend ».

L’avant du vaisseau principal de la flotte se soulève telle une gueule béante. Un transporteur, et gigantesque.

« Vaisseau toute l’énergie sur les propulseur arrières »

« Ordre annulé » dit tranquillement Nanti. « Vaisseau, éteint les moteurs ».

Il n’avait pas tort, nous n’avions pas la moindre chance d’en réchapper et, plus nous les fuirions, plus nous risquerions leur colère.

Les moteurs éteints, nous avançons soumis à leur attraction. L’antique expression entrer dans la gueule du loup prend ici tout son sens. Le loup, c’est une sorte de quadrupède qui vivait sur l’immortelle ou la belle d'été il y a de cela quelques siècles mais je ne sais pas s’ils avaient vraiment une mâchoire capable de gober un vaisseau. Toutes nos lumières se sont éteintes. Les systèmes sont coupés puis la lumière revient mais de l’extérieur du vaisseau. Aveuglante. Nous sommes entrés dans le ventre du vaisseau principal. Autour de nous, une large plate forme ronde et de nombreuses personnes qui s’activent. Puis le comité d’accueil sous la forme d’une procession d’une dizaine de personnes. Nanti déverrouille les champs principaux et active celui de la passerelle nous faisant signe de le suivre et la petite sur ses talons est en train de lui répéter dix fois qu’ils n’auraient pas dû la voir. Ce n’était pas son jour. Le nôtre non plus. D’abord les Sylphides et tout ça pour se retrouver avec un bébé sorcière qui ne vaut guère mieux que Marvin et enfin les indépendantistes.

Le patron stoïque va au devant de nos visiteurs. Il attrape la petite et la pousse devant lui. J’ai peine à croire qu’il livre cette gamine aux indépendantistes. D’accord, elle a foiré mais s’est inhumain. Bon, d’un autre coté, c’est ce qu’il appelle la loi de l’espace. Le vide est infini mais il y a quand même de la place que pour les plus forts.

Au passage je remarque que les dernières caisses de marchandises ont été dégagées. Ca ne suffira pas, ils fouilleront le vaisseau, le passeront au scanner et rien n’y réchappera.

« Tu ne vas pas leur livrer la fille ! »

Le petit Martel se rebelle. Lui, il ne sait vraiment pas ce qu’il veut.

« Tu la fermes toi. Quant à toi, tu disparais et surtout, tu ne tentes rien ».

La petite fille continue d’avancer dans les pas de Nanti. On dirait qu’elle tremble puis c’est comme si elle devenait floue, puis plus rien. Très déstabilisant.

« Tu crois qu’elle est passée dans une autre réalités » me souffle Thymothe.

Je hausse les épaules, qu’est ce que j’en savais et qu’est ce que j’en avais à foutre tout de suite. Ma curiosité prit tout de même le dessus

J’avance le doigt pour la toucher, je reçois une taloche sur la main en retour mais mes yeux ne voient rien. Ca me donne une sensation bizarre, un peu comme quand je ne mange pas à ma faim.

Les délégués de la flotte indépendantistes arrivent. A leur tête, une sorte de géant hirsute tout en muscle. Je déplace ma main sur mon arme. Contre une armée, c’est inutile mais rassurant. Un rire tonitruant s’élève du personnage aux proportions gigantesques tant en hauteur qu’en largeur.

« Le maître Malha de la flotte des rois du monde salue le Maître Nanti du potentiellement innocente. Comment vas-tu vieux débris ? »

Sans trop comprendre, je regarde les deux hommes se taper dans le dos, puis l’escorte du Maître indépendantiste qui se pointe bien pépère.

Martel me demande ce que ça veut dire. Faudrait que j’y réfléchisse.

Maître Malha, j’ai déjà entendu oui. Je crois qu’ils connaissent notre patron depuis des années. Ce sont de vieux potes. Mais je ne comprends pas pourquoi ils ne se sont pas identifiés s’ils venaient en ami.

« Alors ? Lance notre patron « comment c’était ?

- La panade oui. Ca fait du bien à mes gars, ils se prélassent trop dans leur confiance. C’est un bon exercice. Ils ont été sciés. Tu me présentes ta recrue ?

- Combien de temps avez-vous pu nous suivre ?

- Je ne sais pas, on t’a vu au dessus de nous, tu as viré et en même temps disparu. Nous avons continué quelques minutes à sonder les alentours mais j’ai bien pensé que tu avais changé de cap alors j’en ai envoyé un vers le bas et un autre à l’arrêt pour pousser les sondages car notre Shaman vous pensait tout prêt de nous mais nous avons vite abandonné pour nous regrouper au point de rendez-vous

« Vous voulez dire que c’était un test ? » La petite a réapparue, elle est toute rouge maintenant. « Mais c’est odieux !

- C’est ça ton puissant sorcier! » Le Maître indépendantiste repart dans un nouveau rire tonitruant. « Quand mes hommes sauront qu’ils se sont fait berner par une gamine. C’est qu’elle à la magie dans le sang ce petit bout de femme. Comment elle s’appelle ?

- Je ne sais pas encore. Il faut lui trouver un nom. Tu as une idée ?

- Tu peux l’appeler Maelie. C’était le nom de ma fille. Une lubie de ma femme qui vivait au bord de l’océan du même nom. Paix à leurs âmes.

- C’est vrai que tu es originaire de la belle d’été.

- Ca ne va pas mon vieux, ma femme uniquement. Moi je suis un baroudeur de nulle part.

- Adjugé pour Maelie » dit Nanti

« J’aurais peut-être mon mot à dire » Je croyais que la petite avait compris qu’avec Nanti on n’avait jamais son mot à dire.

« Non » dit Nanti

« Tu as fait le coup du siècle petit veinard.

- C’est un investissement.

- Ha oui, c’est vrai, monsieur veut prohiber l’esclavage. Tu la paies combien ?

- Ca ne te regarde pas.

- C’est ce qui me faudrait ça. Je travaille avec un Shaman intuitif. Mes hommes se reposent trop sur lui. Ca marche bien mais face à une dissimulatrice, ça fait pas le poids. Elle sait faire d’autres trucs genre ramener des autres réalités tous ces petits machins rouges et noirs qui vous terrassent un mec en moins de deux ?

- Je croyais que tu restais fidèle aux vieilles méthodes : Contrôle IA, espionnage, suivi, appareillage. Les indépendantistes ne sont-ils pas contre toute forme de sorcelleries ?

- Bien sur, par principe mais tout évolue et je suis obligé de m’adapter bon gré mal gré. L'idéologie c'est une chose mais la vie devient dure pour un vieux pirate comme moi. J'ai une flotte à gérer, des hommes qui comptent sur moi. Je songe même à me reconvertir dans l’honnêteté. Mes fournisseurs ne respectent plus rien. Quand j’ai commencé voila une petite vingtaine d’années, ils jouaient le jeu. Ils tentaient de fuir voir on se battait un peu. Parfois je gagnais, parfois eux, la loi du marché quoi. C’est normal, dans un univers où il n’y a pas assez de travail pour tous, il faut que les marchandises passent par plusieurs mains. Ca fait parti du jeu. Mais maintenant, je me trouve face à des blancs becs qui se croient tout puissants, ils sont capable d’engager un combat alors qu’ils n’ont même pas la moindre marchandise à bord. Après ça fait des frais, des munitions gâchées, des dégâts voire des blessés et tout ça pour rien. Sans parler de l’espoir de mes gars qui s’imaginent une bonne prise et qui se retrouvent avec trois barres vitaminées. Pas bon pour le moral tout ça.

Après, j’admets, de notre coté aussi la nouvelle génération fait du zèle. Il y a deux nouvelles flottes qui ont quitté la frontière, le meurt devant et le florilège. Marchandise ou pas, ils massacrent tout. Absurde. Si on tue les fournisseurs, qui va-t-on racketter ensuite ? Évidemment, ils nous pourrissent notre réputation sans parler qu’ils attirent la milice. T’as entendu ce que Mélanie a fait subir à la flotte du Danseur Volant ? J’ai même entendu dire qu’un des fils de celui qui veut se donner le titre d'empereur Pantin de Valence y avait fait une descente avec elle.

- Lequel ? »

C’est encore Martel. Il est fou celui-là. On n’interrompt pas un Maître indépendantiste. S’il jacasse, on le laisse parler et on approuve quoi qu’il dise mais le maître Malha semble de bonne humeur. Il répond même à Martel.

« Je suis pas resté voir. Pourquoi, tu t’intéresses à la haute ? »

Le Maître Nanti n’est pas du genre à laisser le petit personnel monopoliser la conversation. « Pour tout dire, j’envisage de demander l’accréditation planète ou tout au moins satellite. Je veux me lancer dans le commerce de luxe. Nourriture végétale ou animale, terre, graminées, fibres naturelles et autres matières premières. C’est pour ça que j’ai embauché la fille. C’est le genre de coup qui peut rapporter gros mais une rencontre avec un gars dans ton genre et c’est la banqueroute. Évidemment, je te confie ça mais tu le gardes pour toi et tu n’oublies pas notre alliance.

- Évidemment. D’ailleurs mes hommes vont commencer à repeindre ton vaisseau comme prévu. Il va être magnifique avec mon insigne dessus.

- Ne rêve pas. Tu le repeins comme il était et il restera dans ta flotte uniquement jusque Froide ensuite il redeviendra le potentiellement innocente ».

Je connaissais à cerner l’ensemble du plan du patron. Ce n’était pas mal monté. Dès qu’ils comprendraient la fuite de leurs esclaves, les Sylphides poursuivraient le vrai Nuage d’été et le temps qu’ils comprennent qu’ils se sont fait berner en voyant que le vrai équipage du Nuage d’été n’est pas nous, nous serons loin. Si même ils retrouvent notre trace, se sera pour imaginer que nous avons été perdu corps et biens massacrés par une flotte indépendantiste. Nanti et l’indépendantiste parlaient toujours en bon camarade. La plus grande force de Nanti, ce sont ses relations. Un général et un maître indépendantiste. Je me demande comment il a pu rencontrer tout ce beau monde.

« Dommage, tu ferais un bon allié. Et ça me parait plus réalisable que ton commerce de luxe. Je ne veux pas te décevoir mais une accréditation, ça ne s’obtient pas ainsi, il faut du piston et un bon paquet de fric.

- Ou un certain talent d’escroc.

- Toi tu as un plan derrière la tête ?

- Oui, mais je le garde pour moi.

- Même si tu y arrives, tu sais le prix que ça coûte de se poser sur une planète ? Ou même rester en orbite ?

- Très cher, oui. J’économise et la petite Maelie va peut-être nous fabriquer quelques sortilèges mineurs.

Il se retourna vers la fille. « Va te reposer, Mérino va te montrer où t’installer. »

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