mardi 27 novembre 2007

Chapitre 19

19

03/09/3023 Datation légale de Valence.

10H30/ 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

Le patron a proposé de rester quelques jours sur la station afin de profiter de notre paiement mais il s’est rétracté voyant l’épuisement de Maelie et a décrété qu’on repartait de suite vers B45 ou Charlie pourrait mettre ses talents à exécution afin de rendre quelques prostituées moins moches et qu’on s’arrêterait sur la route quand Maelie serait en mesure d’en profiter. Il a même émis l’idée de se poser au carrefour F45, sachant que la station était réputée pour ses académies et nombreux lieux d’enseignements pour fils et filles de nomades comme nous et qu’il y avait par conséquent de nombreuses activités ciblant les plus jeunes. Devant l’air abattu de Maelie, il a hésité puis a dit. Cap sur A1. On s’est tous regardé afin de savoir si on avait bien entendu. A1 est considéré comme la station au centre du système. C’est une base planétaire mais sur une planète sans atmosphère. Elle est excessivement huppée et on y retrouve toute la haute noblesse des corpos dévouées à Valence. Maelie a eu une lueur d’intérêt et Thymothe a lancé un « qu’est-ce qu’on irait faire dans ce trou ? »

- Ce trou comme tu dis est la station la plus réputée du système.

- Elle est envahi par les hommes de Valence » a fait remarquer Echo.

« Oui » dit Nanti. « Ca tombe bien, nous n’avons rien à nous reprocher et c’est surtout un grand centre de la mode. Qu’est-ce que tu en dis Maelie, nous pourrions aller voir des défilés et te choisir de jolies robes ? »

Elle a à peine hoché la tête et s’est endormie dans son fauteuil.

C’est la première fois que je voyais le patron rongé par le remord à moins que qu'il soit en train de calculer le nombre de clients potentiels pleins aux as qu'il pourrait appâter là-bas. J'étais comme qui dirait, légèrement jaloux de l'attention qu'il pouvait porter à Maelie alors qu'il n'aurait pas fait un détour de quelques heures pour moi.

« Moi aussi j’ai bossé ». Ai-je lâché. Je n’aurai pas du lui dire ça. Il m’a dévisagé comme si j’étais le dernier des rustres. « Et alors ? » a-t-il dit, « tu voudrais sans doute que je t’offre une pute ? »

Thymothe a murmuré pour moi seule : « si il veut faire plaisir à Maelie, il devrait lui offrir un ou deux mercenaires pour taper dessus ». Il l’a dit trop fort et Nanti l’a renvoyé dans ses quartiers. Il n’a aucun humour et il n’a pas encore digéré ces histoires de combats de rue.

« Mérino, le propulseur arrière a des ratés. »

Pas moyen d’avoir une minute tranquille ici. Je me lève à contrecoeur et jette un œil à Maelie qui s’est endormie dans un coin de la salle commune la tête renversée sur une caisse vide.

Je l’aurais bien portée jusqu’à sa couchette mais je n’ose pas.

Je butte presque contre Martel qui m’évite au dernier moment et me regarde comme s’il était face à un fantôme. J’ai si mauvaise mine ?

Il continue à me fixer avec des yeux exorbités.

« C'est un piège

- Quoi ?

- Faut qu'on fiche le camp.

- Bien sur, bien sur. Tu peux être plus précis ? Que risque-t-on exactement ?

- Je ne sais pas. Ote ton sourire niais, on est en danger alors commence par vérifier le vaisseau. Il est peut-être piégé. A moins que nous ayons un espion à bord.

Il continue à débloquer sévère. Il passe trop de temps avec Maelie. « Pas la peine de me parler si sèchement », mais je vais quand même vérifier. Le propulseur arrière m'a fait des trucs bizarres. Il semble marcher par à coup. Bon après, dans le potentiellement innocente tout marche par à coup.

Le cœur du vaisseau, c’est vraiment chez moi. Au moins, les machines sont logiques, elles s’expriment dans un langage que je peux comprendre. Rien qu’aux bruits, je sais ce qui ne va pas. Enfin, en général. Là, tout ronronne comme il faut.

Au cas où, je pose la question au potentiellement innocente : « Vaisseau, qu’est ce qui ne va pas ?

- Le propulseur arrière a des ratés.

- Et Pourquoi ?

- Précisez pourquoi ?

- Pourquoi le propulseur arrière a-t-il des ratés ?

- Parce qu’il marche par à coup ».

Merci pour ce formidable éclaircissement vaisseau. J’te jure, je me demande pourquoi je continue à tenter d’avoir une discussion constructive avec cette machine.

J’ouvre la trappe afin de libérer les câbles et de faire une vérification d’usage des segments. Pas de soucis. Sauf peut-être sur la pression. Ca s’échauffe un peu. Je libère le gaz afin de refroidir la bête. Il s’en suis un sifflement puis une vapeur blanche qui se met à rosir, à s’élever jusqu’à occuper une bonne partie du réduit.

Je tombe en arrière et me reçois sur les fesses tout en continuant à me contorsionner pour atteindre le plus vite possible l’autre bout de la pièce. « Un Sylphide » dis-je d’une voix étranglée. En tremblant. « Vaisseau, alerte générale, branche l’interphone. Je hurle pour les autres membres d’équipage. « Un Sylphide en salle des machines ».

Trop tard, la vapeur rose se disloque puis reprends de la couleur avant de s’élever et de traverser le champ de force.

Le temps que Thymothe arrive une barre de fer à la main comme si ça pouvait nous être d’une quelconque utilité face à une intelligence gazeuse, il ne reste qu’une légère tâche rosée loin sur l’horizon.

Le patron arrive à son tour et fixe l’horizon même si nul trace du Sylphide n’est plus visible.

« Il t’a parlé ? » me demande-t-il. Je frissonne rien qu’à l’idée d’une communication avec ce genre de truc. « Non » dis-je.

Nanti parait déçu. Je devrais peut-être m’excuser de ne pas avoir tenté de parlementer avec un truc qui entre dans ton esprit pour te lancer son message.

« Il ne peut pas aller bien loin, il a besoin de respirer. Où a-t-il pu foutre le camp ? Qu’est ce qu’on a dans le coin avec de l’oxygène et du souffre ? »

Echo répond à travers le système de communication interne de l’ordinateur. « Pour le souffre, l’ordinateur ne répertorie pas les sources mais en oxygène, le plus proche, c’est la station R57 à deux jours vitesse standard.

- Trop loin » dit Nanti en secouant la tête.

« Ca veut dire qu’il va revenir » lance Thymothe.

« Où est Maelie ?

- Elle dort.

- Patron, je crois que vous feriez mieux de venir en salle des commandes et d’emmener Maelie avec vous.

- Que se passe-t-il Echo ?

- J’ai des signaux radars. Beaucoup de signaux.

« Ca n’a pas de sens » m’écriai-je en rejoignant les autres en salle de pilotage. Il n'y avait rien à peine deux minutes plus tôt et maintenant, Le cercle de vaisseaux se rétrécissait autour de nous. « Il devait être dissimulé par sorcellerie et Maelie trop faible pour les repérer » déclara Nanti. On a réveillé Maelie mais elle restait dans une sorte d’hébétude. Le patron jeta encore un œil sur elle. Ce n’est pas suffisant. C’est une flotte sous l’autorité des Sylphides, sans doute ces boules de gaz transmettent-ils notre position.

« Allez Maelie. J’’essayais tous les encouragements possibles. Tu as bien réussi à quitter leur base sans te faire voir.

- Je suis si fatiguée » se lamenta-t-elle.

« Ses fumiers ont tout prévu » se contenta de remarquer Nanti sans la moindre trace d’émotion. « Sans doute leur espion traine-t-il dans notre vaisseau depuis des jours. Peut-être même depuis qu’on les a repéré avant même d’embarquer la terre sur la belle d’été.

C’est absurde, en ce cas, ils nous auraient attaqué avant afin d’avoir la marchandise.

- Ils attendaient que Maelie soit à bout sans doute. Ils n’en ont rien à faire de quelques tonnes de terre.

« Mais qu’est-ce qu’ils veulent ?» Je me mordis immédiatement les lèvres. La réponse était évidente, ils veulent récupérer Maelie. Martel a accouru sur le pont au moment où Maelie s’est effondrée. Il est arrivé à point pour la récupérer dans ses bras. S’ils viennent ils vont la prendre » s’exclama-t-il. Brillante déduction petit gars.

« Il faut faire quelque chose !

- Bien sur, j’attends tes propositions Martel ». Grinça Nanti.

Il réfléchit quelques instants puis, ne trouvant rien, déversa sa peur sous forme de colère. « Vous n’êtes qu’un sale égoïste, d’abords vous l’usez jusqu’à la moelle et ensuite vous seriez prêt à la donner en pâture aux Sylphides. » Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas crié ainsi.

- Bien sur Martel » reprit Nanti calmement. « On se jette sur leurs vaisseaux jusqu’à s’écraser sur leur champs de force et on meurt tous en héros.

- C’est toujours mieux que de capituler » s’exclama-t-il.

- Tu crois vraiment qu'ils ont mis cette armada en place juste pour Maelie ? Ils ne voudraient pas aussi un en cas supplémentaire ? Dit Nanti en fixant Martel

- Que voulez-vous dire ? »

Echo envoie le signal de reddition. Martel refusa d’en entendre d’avantage. Il posa délicatement Maelie sur le sol et quitta la salle des commandes.

« Un peu de calme » murmura Nanti.

« D’accord, il est inconscient mais il faut admettre que votre attitude…

- La ferme Mérino. Echo, tu vas attendre qu’ils soient sur le point de nous aborder et tu plonges en piqué tout en préparant tes coordonnées d'accélération

- Nous n’aurons jamais le temps.

- Il faudra qu’on l’ait. »

Un vaisseau approchait. Autour de lui le halo rose de plusieurs Sylphides. Ces derniers ne semblaient pas prêts à nous aborder. Ils resteraient sans doute en retrait laissant leurs sbires faire le sale boulot. C’était dégradant pour un Sylphide d’entrer en contact avec un humain. Ils en étaient capable mais uniquement quand c’était dans leur intérêt et qu’ils n’avaient pas le choix ou alors avec quelques sorciers télépathes qu’ils estiment légèrement moins primitifs. Ses prétentieux étaient pourtant bien content de s’entourer de flottes humaines pour les servir, leur fournir des vaisseaux pour se déplacer dans l’espace à grande vitesse et leur fournissant une réserve d’oxygène, de souffre et même de la lumière de synthèse nécessaire à leur survie. Un nouvel hologramme apparut devant mon nez, clignota un instant et disparut. « C’est quoi ca ?

- C’est pas normal » s’écria Echo « C’est la navette de secours qui s’est décrochée. »

Charlie qui se fait la malle pensai-je mais ce dernier entra en trombe dans la salle. "Martel a fichu le camp. Ce salop a fuit comme un lâche sans nous attendre".

- Tant mieux » grogna Thymothe. Fixés comme ils sont sur Maelie, ils le laisseront tranquille. Qu’au moins un de nous ait une chance de survivre. C’est un brave gars, il le mérite ».

Thymothe se récolta une bonne claque derrière la nuque de la part de Nanti. "Tout le monde n’est pas aussi lâche que toi, il veut sauver notre peau »

- Cet idiot fonce sur la flotte Sylphide » dit Echo et désignant un point sur le radar.

« Il n’a aucune chance.

- Ce petit crétin veut détourner l’attention sur lui pour nous donner le temps de filer.

- Qu’est-ce qu’il s’imagine, que les Sylphides vont porter le moindre intérêt à sa petite personne ? »

Comme pour me contredire, le vaisseau le plus proche fit volte face pour prendre en chasse la navette.

"moins vite cracha Nanti, c’est du suicide son approche.

- On fait quoi ?

Pour la première fois je vis Nanti hésiter.

Maelie refit surface et encore dans les vapes murmura quelques mots du genre "qu’est ce qu’il se passe ?

- Tu plonges et tu prépares les coordonnées d’accélération.

- On ne peut pas laisser Martel.

- On ne peut pas non plus le récupérer. Il nous rattrapera ou il moura. »

Je tentai d’apercevoir la navette perdue dans l’obscurité.

Echo plongea puis la gravité artificielle nous remit sur pied. Maelie parut comprendre la situation. « Martel » hurla-t-elle. « Il faut le récupérer.

- Il devrait pouvoir se frayer un passage, les Sylphides ne s’occuperont pas de lui, c’est toi qu’ils veulent » dit Thymothe.

« T’es qu’un idiot, c’est Martel qu’ils veulent.

- Pourquoi en voudraient-ils au gamin ?

- Vous êtes tous des crétins aveugles dans ce vaisseau s’exclama Maelie.

Martel vient de Calice et les Sylphides ont une haine invétérée contre Calice.

Le silence se fit intense en réponse aux élucubrations de Maelie. Apparemment, elle divaguait toujours.

Je me tournai vers Nanti pensant l’entendre démentir mais il resta silencieux. Quand enfin il prit la parole, ce fut pour dire à Echo : « Rester ici ne sert à rien. Demi tour Echo. On file tant qu’ils sont braqués sur la navette.

- On ne va pas laisser Martel ?

- On ne peut rien faire en restant ici. J’ai dit demi tour. Tout de suite » ajouta-t-il en ne voyant rien bouger.

Maelie était tombée à genoux et s’était mise à geindre. « C’est vrai » insista-t-elle, « ils vont tuer Martel. »

Bien sur Maelie et on va refaire un gros dodo. Vu la situation on ne va peut-être même pas se réveiller.

- Tu crois que je ne connais pas mes hommes petite fille » répliqua Nanti.

- Vous voulez dire que vous le saviez ? »

C'est qu'elle insistait en plus.

« Je l’ai su à la minute où il a mis le pied sur ce vaisseau ».

Là, je crois qu'on s'est tous tourné en même temps vers Nanti. La folie de Maelie serait-elle contagieuse ?

« Ce n’est pas poss…

- Echo, les coordonnées. Maelie, tu lui fais un pont transdimensionnel ou je ne sais quoi pour le faire revenir. Je pense cet idiot apte à détourner la magie Sylphide mais sûrement pas les tirs des mercenaires.

- Mais je n’y connais rien.

- Fais ce que tu peux. Il tentera sûrement de revenir, montre lui le chemin, débrouille toi. Il doit avoir les moyens de se sortir de là.

- Mais il n’a pas d’implant, ça le tuerait.

- Fais ce que tu peux et de suite. Allez, exécution. »

Elle hocha la tête.

« Mérino, qu'est ce que tu fais planté là, va l’aider ».

Je renonce à essayer de comprendre et Je me précipitai à la suite de la petite fille. S’il y avait ne fut-ce qu’une chance de pouvoir se sortir de se merdier, j’étais prêt à tout même si la patron avait perdu la raison. On aurait bien le temps de m’expliquer une fois à quelques années lumière de ses traîtres à leur race. Maelie devait être dans le même état d’esprit car elle semblait avoir trouver une nouvelle vigueur.

Elle courut à sa cabine, en sortit une petite valise qu’elle jeta presque dans la grande salle nettoyée de sa terre

Elle en sortit un gros feutre blanc, de la poudre noire et un attirail d’aimants et de fils de tungstène.

Je me retins de lui demander si ses artifices pouvaient avoir une quelconque utilité, j’avais bien trop peur qu’elle me réponde non.

Je finis par craquer. « Qu’est-ce qu’on fait ? Maelie. »

Elle dessinait des figures abstraites sur tout le sol de la grande salle. Elle me répondit sans même lever les yeux récitant comme un texte appris par cœur.

« Nanti et moi pensons qu'on peut faire revenir Martel en passant par une autre réalité. Une réalité où l'espace entre sa navette et nous n'existe pas.

- on se calme, on revient au monde réel, il est inutile de faire appel à une magie que ne possède que la famille de Valence. D’ailleurs je préfèrerais qu’on évite de parler de trucs déments, ça porte malheur.

« Nanti demande si on peut passer en vitesse supérieure. Il pense que si il nous voit nous mettre hors de porté, il tentera à son tour de s’échapper.

Le cercle se resserre autour de lui. Et plus on attend plus ses chances sont minces. » Thymothe regardait Maelie. Sans doute Maître Nanti avait-il demandé que Maelie confirme ses instructions.

« On s’en va » dit-elle prenant une craie de couleur pour accentuer certains motifs.

Comme si c’était le moment de faire de l’art.

Comme en réponse à mes pensées, elle souleva la tête et d’une main pleine de craie et ôta quelques mèches collantes de transpiration sur son visage. « Ses signes représentent Martel et le potentiellement innocente » dit-elle très vite.

« En le délimitant par un champ magnétique conséquent. Ca devrait lui servir de point d’ancrage. Théoriquement sur une distance courte et avec un pouvoir suffisant c’est possible sans implants. Du moins les premiers sorciers à utiliser les autres réalités pour se déplacer dans l’espace avant l’invention des implants se guidaient ainsi. Bien sur, la plupart se disloquaient et mourraient mais il y a des précédents»

Je hochai la tête. Je n’avais rien compris, je ne voyais pas en quoi ça représentait quoi que se soit mais je ne voulais pas qu’elle perde du temps à m’expliquer.

« Et on fait quoi maintenant ?

- On attend » dit-elle les épaules basses et les bras ballants. « Je ne peux rien faire de plus.

Nous sommes prêt à passer dans le couloir d’accélération a lancé Thymothe.

- Ok, on attend le dernier moment.

Le patron descendit à son tour et observa les motifs, je fus étonné de constater qu’il ne critiqua pas l’inutilité de la chose.

- Crois-tu qu’il en est capable ? demanda-t-il à Maelie.

- En vérité ? Non.

« Capable de quoi ? » On parlait encore de Martel ou quoi ?

Nanti m’attrapa par la chemise et me tira violemment en arrière. Martel était apparu roulé en boule au centre des dessins de Maelie. Son image vacilla comme Maelie quand elle était en train de disparaître puis parut se fragmenter, se diviser, comme si chaque cellule de son corps s’éloignait les unes des autres.

« Il n'y arrivera pas » hurla Maelie.

Fais quelque chose. Dis-je à Maelie. Je n'y comprenais rien mais je ne voyais pas quoi dire d'autre.

Je peux pas dit-elle affolée je ne suis pas assez puissante. Puis il y eut une ombre qui assombrit l'image de Martel lui et son corps se reforma. Il sembla se faire happer comme par une main d'ombre noire et on entendit même un hurlement mais comme étouffé puis tout disparu.

« Ces salops ont fait exploser la navette » lança Echo

Je ne sais plus trop ce qu’il s’est passé ensuite. Le choc m’a chamboulé le cerveau.

Echo a parlé de Martel, en disant qu’il s’est jeté sur le vaisseau principal et qu’ils l’ont descendu.

Je ne pouvais accepter ne fut ce que la possibilité que Martel soit mort. Ce matin on jouait encore aux cartes. Qu’il se soit fait descendre par une flotte Sylphide était tout simplement impossible. Beaucoup trop douloureux pour être concevable. Personne ne disait mot.

Nanti a été le premier à briser le silence. La flotte va se retourner contre nous. Ils ne rechigneront pas à récupérer Maelie en prime. Passage immédiat dans le couloir d’accélération avant de perdre le créneau.

On s’est retrouvé au milieu du vide. Un vide qui n’avait jamais paru aussi vide.

Je me suis laissé tomber contre une cloison virtuelle. Les autres sont descendus nous rejoindre peu à peu. Charlie d’abord. Il a posé sa main sur mon épaule et s’est assis à coté de moi. J’aurais voulu le frapper. C’était qu’un lâche et sans doute se réjouissait-il d’être vivant à l’heure actuelle. Echo est venu aussi. Il gardait la tête baissée. Il a traversé la salle mais a continué sans s’arrêter et j’ai vu qu’il pleurait.

Le patron a pris une grande inspiration comme il faisait avant de sortir une information déterminante. « Maelie dit-il. Quelle est la probabilité qu’il soit encore en vie ?

- Comment voulez-vous qu’il soit en vie, sa navette a explosé » s’est exclamé Thymothe.

« J’ai demandé à Maelie ?

Elle secoua la tête puis explosa à son tour. « Evidemment, il est vivant, il ne peut pas être mort. Il ne peut pas ». Son menton tremblait et ses yeux s’embuaient.

« Ha oui, et comment on survit quand sa navette est réduite en poudre ?

- Mais il n’était pas dedans quand elle a explosé.

- Il était où alors ? hurla Thymothe.

- On se calme. » La voix de Nanti était plus faible mais son autorité sans faille et ni Maelie ni Thymothe n'ajoutèrent un mot.

Charlie mit les pieds dans le plat. « Martel venait vraiment de Calice ?

Nanti leva les yeux. « Si vous aviez un tant soit peu étudié la situation alors, vous l’auriez deviné. Le seul bâtiment d’importance qui avait explosé dans la zone où nous sommes allés le chercher, c’est le palais d’été de Valence et il n’y a que leur suite qui ait un implant A.

« Mais pourquoi ne l’a-t-il pas dit ?

- Sans doute craignait-il qu’on le renvoie à Valence contre une jolie fortune.

- Mais nous n’aurions jamais rien fait de tel ! »

Je n’ajoutai rien d’autre mais ne pus m’empêcher de regarder autour de moi. Charlie s’était ouvert une bouteille. Il avait bien la tête du gars qui pourrait vendre sa mère contre une place en vaisseau croisière. Et Thymothe, toujours prêt à la magouille pour un ou deux crédits. Et moi au fond, les premiers mois avec Martel, je ne cessai de répéter qu’il fallait trouver d’où il venait pour le rendre à sa famille contre une prime substantielle voire s’en débarrasser n’importe où. Si j’avais su à l’époque le paquet que j’aurai pu en tirer ! Quoique, Valence nous aurait poignardé dans le dos avant qu’on dépense les premiers sous de la prime.

« Je pense que quelqu’un l’a enlevé » dit soudain Maelie.

« Quoi ? Mais c’est ridicule. »

Maelie a essayé de me frapper mais j’ai retenu sa main. Outre ses pouvoirs flippant, elle n’a pas plus de force qu’une autre gamine de son age « Mais tu es témoin » s’exclama-t-elle. Tu l’as vu se matérialiser dans le vaisseau et tu as vu qu’une ombre l’a arraché.

Qui a fait quoi ? » c’est vrai, Echo n’était pas présent lors des petits dessins de Maelie et moi, j’ai bien vu quelque chose mis rien que je puisse expliquer. Il y avait bien une ombre mais Maelie en fait pleins d’ombres. Elle est même plus balèze encore en ombre qu’en dissimulation.

« Il s’est dématérialisé. Il est passé de la navette au vaisseau.

- C’est totalement impossible. » dit Thymothe. Et j’étais d’accord avec lui. Mais pas Maelie

« C’est possible

- Mais s’il avait réussi, il serait là ». Je ne voulais pas qu’on me donne des faux espoirs. Je préférai souffrir une bonne fois.

« Non », s’exclama Maelie, « il y avait quelqu’un d’autre. Je l’ai perçu. Comme une main qui l’agrippait et qui l’entraînait avec elle et tu l’as vu aussi. Il est vivant je vous dis. Mais quelqu’un l’a enlevé.

Une entité démoniaque surgie d'autres réalités s'exclama Thymothe.

Maelie haussa les épaules et à son air je compris que Thymothe avait tout faux. Moi j'y connaissais rien dans ces trucs et s'y on me disait que des trucs venant d'autres réalités pouvaient enlever des gamins, je le croirais volontiers.

« Quelqu’un ayant les mêmes pouvoirs que lui. » dit Maelie

- Martel n’a pas de pouvoir, c’est un bon petit gars »

Je me suis pris un regard incendiaire de Maelie. Et quand je dis ça, c’est pas au figuré, elle m’a vraiment brûlé et si Nanti ne l’avais pas arrêtée, je ne sais pas ce qu’elle m’aurait mis. C’est que je veux bien admettre que c’est une brave fille mais les sorcières, moins on s’y frotte mieux on se porte.

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