mardi 27 novembre 2007

Chapitre 15

15

26/07/3023 Datation légale de Valence.

22H00 / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

19H20 /25 : horaire de Valence

« On n’y arrivera pas » C’est Martel qui soupire. Cela dit il a raison mais moi, je m’en doutais.

« Oui en effet.

- Tu crois que le potentiellement Innocente peut passer un contrôle technique planétaire ?

- Bien sur que non, ils doivent avoir des normes draconiennes. »

Jamais je n’avais entendu parler de telles procédures. En fait, je ne connais personne qui commerce directement avec les planètes. Le patron allait être déçu mais on avait fait ce qu’on pouvait.

« Et trafiquer un test ADN n'est pas comme se balader avec une fausse puce d'identité

- Bien sur, c'est pourquoi il le demande

« Comment il m’a reconnu ?

- Quoi Maelie ?

- Le fonctionnaire, il a dit qu’il fallait des autorisations spéciales pour les sorciers. Comment savait-il que j’étais une sorcière et c’est quoi les autorisations ? »

C’est vrai, j’ai déjà entendu parler que dans certains endroits, ils demandent une sorte de certificat comme quoi la personne n’avait pas de mauvaises intentions et respectait une sorte de charte éthique. Je ne sais pas comment on se procure ça. Quant à comment il t’a reconnu : parce qu'il y a des détecteurs d’implants psychiques à courtes portée évidemment. Ce qui m’étonne plus, c’est comment est-ce possible qu’on ne t’ai pas découvert dès le sas d’entrée du Village. Pauvre cruche. Si j’ai diminué d’un ton c’est que j’ai envie d’en rajouter mais je n'ose pas m'y risquer

Elle reprend son air contrit. Je lui ai déjà fait suffisamment la morale pour aujourd’hui. Je ne vais pas recommencer.

« Bon, ben ça valait le coup d’essayer.

- On peut toujours tenter d’entamer la procédure.

- Tout ce qu’on risquera c’est de se faire remarquer encore une fois. Il faudrait commencer par mettre le vaisseau au norme planétaire, ce qui coûterait une fortune sans même être sur que ça suffise à nous donner les autorisations. »

On verra si le patron veut investir là-dedans.

« Et il me faut les autorisations aussi ».

- Oui aussi. Je n’avais pas le cœur de rappeler à Maelie qu’elle aussi on lui demanderait une preuve de son identité. Celle de Martel posait problème aussi mais un implant A remplace avantageusement n'importe quel test ADN.

« Qu’est-ce que c’est encore que cet attroupement ?

Martel désignait une procession qui venait vers nous. Moi, je reconnaissais la discipline militaire et je savais comment réagir.

« On fiche le camp ». Je poussais les enfants en dehors de la route et les pressais de se dissimuler derrière les bosquets. Maelie se remet à bouger le doigt. Je lui attrapais les poignets. Surtout, pas de sorcellerie. Je me tassais encore plus et jetai un œil à travers le buisson.

C’était encore pire que je ne le pensais.

Regardez-moi ça les gosses. La graine du beau monde qui défile. « C’est l’ordonnance Matiz de Valence en personne ». Maelie se levait pour mieux voir. Je repoussais cette petite dinde, elle n’aurait aucune chance de passer inaperçue. Les Maître de Valence avait bien plus de pouvoirs qu’elle ne pourrait jamais oser rêver en posséder.

« Et Mélanie » chuchotais-je en m’aplatissant dans l’herbe piquante.

« C’est pas des sorciers, ils n’ont pas d’aura. » J’aplatis encore Maelie qui tentait de s’approcher. « La fourmi ne voit pas l’homme, il n’en existe pas moins.

- C’est quoi une fourmi ?

- Je n’en sais rien mais c’est un dicton pour dire que quand la puissance est immense, on ne la voit pas nécessairement ».

Mélanie se tourne vers nous et pendant un instant, j’ai l’impression qu’elle nous fixe d’un regard de glace. On dit que les sorciers de Calice voient tout, même l’invisible. D’autres disent qu’ils ont une vision différente, qu’ils ne voient pas les gens mais leurs âmes. On raconte beaucoup de bobards mais ce dont je suis sûr, c’est que Mélanie, il vaut mieux pas attirer son attention. Je me retourne vivement. Martel s’est levé et c’est à peine s’il ne dévisage pas Mélanie. Parfois il lui manque vraiment un grain. Vite, je fais semblant d’engager une conversation banale comme si je prenais du bon temps en toute innocence avec mes enfants. Martel semble revenir à lui. Ca parait marcher, à la limite de mon champ de vision, j’aperçois Mélanie qui rattrape Matiz après avoir intercepté un de ses hommes qui part au pas de course. J’aimerais qu’on m’obéisse ainsi.

Et si elle avait demandé à son gars de nous arrêter ?

Je tente d’arrêter ma nouvelle crise de parano qui se profile, on n’a rien à nous reprocher. Ou pas grand-chose.

« Pas très impressionnant » a conclu Maelie en haussant les épaules. Une fois la procession éloignée.

C’est beau l’innocence des enfants.

Martel n’a toujours pas dit un mot mais ne lâchait pas la scène du regard. Je propose qu’on se remette en route mais lui reste figé comme une statue.

« Ca va gamin ? »

Je commence à me demander si on ne lui a pas jeté un sort mais il murmure « oui.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Rien »

C’est cela oui, trop fier pour avouer avoir la trouille. Bref, Il ne restait qu’un point délicat, expliquer notre échec au patron. Il avait le beau rôle lui. Il nous envoyait dans des missions impossibles alors qu’il restait tranquillement assis sur ses fesses puis se relevait juste pour nous réprimander.

« Bon, on rentre maintenant.

- Déjà » s’exclama Maelie mais il y a tant de chose à faire ici. On pourrait se faire un dîner somptueux et il parait qu’il y a des bains de vapeur et des endroits où on peut aller dans de la vraie eau et il faut voir le centre des affaires aussi et celui des jeux.

- On rentre j’ai dit ».

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