mardi 27 novembre 2007

Chapitre 16

16

26/07/3023 Datation légale de Valence.

23H10 / 24 : horaire du vaisseau potentiellement innocente

20H10 /25 : horaire de Valence

Le retour fut très étrange. Quand je dis étrange, je veux dire bien mais bizarre. Le plus simple est de le résumer : C’était calme. Maelie s’était décidée à se taire. C’est vrai qu’elle aussi allait sans doute se prendre une bonne raclée pour désobéissance. J’avais même un peu pitié d’elle et je lui donnais une légère tape sur l’épaule en tant que collègue de mouise tandis qu’on arrivait à l’embarcadère. Elle parut m’en être reconnaissance et un léger sourire a filtré sur son petit visage. « Disparais » lui ai-je dis avant d’arrivée dans la foule agglutinée aux bureaux contrôles. Elle était entrée sans difficulté, la sortie devrait être encore moins surveillée. Elle est devenue floue puis brume pour enfin se volatiliser. Martel et moi continuâmes notre petit bonhomme de chemin. Jusque là rien que la routine habituelle. Encore une fois, on nous examina sous toutes les coutures, surtout moi. On vida mes poches et je fus très gêné d’être pris en flagrant délit devant Martel. C’est vrai, j’avais rempli mes poches de terre mais il y en a tant qu’un peu en moins ne ferait pas de différence mais au prix de la terre au marché noir, j’aurais pu grappiller quelques sous. Martel me fit de sérieux reproches toujours dans son rôle de maître devant un serviteur et ça me donna un avant goût de ce que ne tarderait pas à me faire sentir le maître Nanti. A peine franchi le portique, on nous héla à nouveau. Ma première impulsion de proie face à un prédateur fut de fuir puis mes neurones prirent le relais. Que pouvais-je espérer fuir au milieu de la flotte de Valence.

« Oui » ai je dit avant de recevoir un coup de coude de Martel. « Oui » a-t-il dit en écho me rappelant que j’étais un serviteur et que ce n’était pas à moi de répondre.

« Seigneur Oxis » reprit l’homme reprenant le nom d’emprunt de Martel.

Le ton était cordial, respectueux même mais vu la situation, j’imaginais mille problèmes potentiels, de notre fausse identité aux déclarations mensongères concernant le vaisseau et en passant par la présence illégal de Maelie et aucune raison de nous arrêter qui puisse être en notre faveur.

L’homme tendit une puce électronique. Vous avez oublié votre accréditation planète au central administratif.

Martel a pris une tête d’ahuri. Je suppose que moi aussi. Puis il a bredouillé un « mais, heu… »

Habitué depuis toujours à saisir les opportunités, je ne l’ai pas laissé finir et me suis précipité sur la puce et m’en emparais.

« Je suis désolé mon maître, je me souviens maintenant l’avoir laissée sur le comptoir quand vous m’avez dit de m’en occuper. » J’ai été très fort sur ce coup là.

Martel a ouvert la bouche et est resté un moment silencieux avant de récupérer ses esprits. « Heu, oui, merci puis se tournant vers moi. Père m’avait prévenu que tu ne valais rien comme serviteur mais à ce point là. Je vais te trouver des taches à la hauteur de ton incapacité. »

J’ai pris l’attitude la plus humble possible. Ce n’était pas facile. D’abord car j’étais fier de moi et ensuite car je ne comprenais rien à la situation. En y réfléchissant, sur le coup, j’étais surtout fier, c’est après que je me suis mis à réfléchir.

Un garde m’a chuchoté au passage : « Toi tu es parti pour un mauvais quart d’heure.

J’ai acquiescé me forçant à ne pas sourire, je venais au contraire d’éviter le mauvais quart d’heure.

On s’est installé dans la navette. J’ai observé Martel qui souriait et s’est sanglé prêt au départ et juste après j’ai senti quelque chose me pincer le bras. Maelie était là et je soupçonnais encore Martel de l’avoir vu arriver.

Je n’ai pas dis un mot avant d’avoir quitté le vaisseau et enclenchai le pilote automatique sur le signal du potentiellement innocente ensuite j’ai attendu que Martel se lance dans une armada de questions mais il n’a rien dit aussi c’est moi qui ai pis les devants. J’ai sorti la puce de ma poche pour l’admirer et j’ai posé la question fatidique puisque : Comment se fait-il qu’on nous l’ait donnée ?

- C’est une accréditation planète ! Comment avez-vous eu ça ? » S’est exclamée Maelie. »

Donc ce n’était pas un coup de sa part.

Martel a haussé les épaules et lui a fait un compte rendu de notre petite aventure bizarre avec un calme qui ne lui ressemblait pas et en retour elle nous a expliqué qu’elle était partie directement et nous attendait à coté de la navette. J’en profitai pour m’interroger à nouveau sur la facilité avec laquelle cette petite sorcière réussissait à passer les barrières de sécurité alors que même dans un simple central administratif il y avait des détecteurs d’implants. Tout ça me paraissait de plus en plus étrange.

« Et si c’était un piège » a dit Maelie en observant la petite puce. « Un détecteur, ou une bombe. » Elle est devenue de plus en plus anxieuse, ça se percevait dans sa voix. Martel par contre restait calme. Moi je réfléchissais aux possibilités évoquées par Maelie.

Un détecteur c’était possible. Une bombe, ça m’étonnerait, c’est trop petit. Mais qu’en savais-je au fond. Qu’est ce que j’y connaissais aux technologies qu’on pouvait trouver ici. J’ai pris la puce et l’observais. Elle avait l’air anodine, une simple carte mémoire. Le potentiellement innocente nous le dira.

- Mais même si c’est bien une accréditation Planète, c’est peut-être un piège pour nous prendre en flagrant délit » a repris Maelie.

Mais le commerce n’est pas un délit. L’usurpation d’identité si bien sur et Le passage de vaisseau hors norme écologique aussi et peut-être même plus grave mais je voyais mal le clan de Valence faire tant d’histoire pour si peu. S’ils voulaient nous arrêter, ils n’avaient qu’à le faire. Et ils étaient suffisamment puissants pour ne même pas avoir à se donner la peine d’inventer ou trouver un motif.

« Non, ce n’est pas un piège » a dit Martel.

Qu’est ce qu’il savait encore celui-là. JE commence à me poser des questions à ce sujet « Comment peux-tu en être si sûr ? » lui ai-je demandé.

- J’en sais rien, je ne pense pas c’est tout. » Il m’a répondu et je pense en effet qu’il ne sais rien. Je me suis contenté de dire que nous verrons ce qu’en dit le Maître Nanti. C’est dans ces rares moments que je suis heureux de ne pas avoir la responsabilité de décider. On avait réussi notre mission, je n’allais pas me prendre une raclée, je serais peut-être même félicité. Du moins je le pensais mais sur ce point j’ai eu tort car Nanti ne nous félicite jamais.

A notre arrivée sur le potentiellement Innocente, Le maître Nanti a commencé par donner une impressionnante raclée à Maelie qui droite comme un petit soldat n’a pas émis un cri et s’est éloignée sans un mot dans sa cabine dès qu’il le lui a ordonné. Ensuite, il nous écouta. Je lui tendis la puce et lui fis un récit détaillé des évènements dans leur ordre chronologique. Il nous interrompit une première fois pour nous demander si Martel était au courant de la présence de Maelie. Sans le laisser répondre, je dis que non, pas au départ mais qu’il avait entendu ses boucles d’oreille dans la navette. J’étais persuadé que ce n’était pas le cas et qu’il percevait cette fille d’une façon ou d’une autre mais je voulais m’en expliquer avec lui avant. S’il n’avait rien dit, il avait peut-être une raison.

Nanti a souri. Il lui avait offert ses boucles d’oreille bruyantes justement à cet effet et il était heureux de voir l’application de son stratagème. En d’autre occasion je lui aurais précisé qu’elle avait trouvé un moyen de dissimuler le bruit, mais en ce moment après avoir été témoin de sa sévère correction, je me sentais solidaire de la petite et préférai taire ce détail.

Nanti fit une grimace en apprenant que nous nous étions trouvé si proche de membres directs du clan de Valence. Quand notre compte rendu fut terminé, il examina la puce, la fit sauter dans la main et me la renvoya, allez mécano implante ça dans l’ordinateur, nous verrons bien.

Je lui suggérais que nous pourrions peut-être attendre, voir éviter de s’en servir. Je précisai les risques évoqués dans la navette mais Nanti se contenta de conclure qu’une telle aubaine méritait tous les risques.

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